Après le garde-barrière, le geste-barrière. Ou l’art de se laver les mains avec du savon. Si les vertus du savon sont avérées depuis des lustres, son histoire ne rentrerait pas dans une bulle. Qu’il soit d’Alep ou de Marseille, de Gênes ou de Lisbonne, le savon est un petit miracle de la chimie naturelle des huiles végétales et des soudes. Rien de caustique : utilisé pour laver linge et sols, le savon de ménage restera domestique tandis que le savon de toilette glissera vers la beauté et la cosmétique. Artisanal puis industriel, le savon fera la fortune des marques telles Cadum avec son bébé à risettes ou encore L’Oréal avec Monsavon, inventé en 1925, et dont le génial illustrateur Savignac réalisera une affiche mémorable en 1949. Faux savon de Marseille, Le Chat savonna sec la planche de la concurrence durant l’entre-deux-guerres, hissé au sommet des marques les plus populaires et pour un bail avec son bloc ambré qui mousse tout seul.
Aujourd’hui, si le Savon de Marseille possède un musée dédié, évidemment ouvert à Marseille, et si quelques manufactures provençales ancestrales ont repris du service, 99% du savon utilisé aujourd’hui, solide comme liquide ou en paillettes, est sous la coupe des multi-nationales comme Unilever, Henkel ou Procter & Gamble, et il s’en utilise plus de 65 tonnes par an en France.
De gauche à droite
Renault Savons Le Chat Ambré. Pierre Roger/P.R. 1958. No. 5
Dès le début des années 1950, la caravane publicitaire du Tour de France cycliste prend un tour de sacré barnum promotionnel où les marques inondent les spectateurs de cadeaux, lointains ancêtres des « goodies ». Parmi les plus populaires, les bobs Ricard et les porte-clés de toutes marques, Amora ou Monsavon, par exemple. En 1952, la marque de savons Le Chat Ambré, alors propriété de la Société Générale des Matières Grasses, y va de son véhicule carrossé ad-hoc pour participer au Tour. Sur la base d’un fourgon Renault 1400kgs, a été boulonnée une « caisse-à-savon » surmontée d’une vigie personnifiée par le chat blanc, emblématique de la marque. Vert et jaune, comme les étuis en carton du dit-savon, les couleurs de ce véhicule ont été reproduites par la firme de jouets parisienne Roger, fonderie fondée en 1930 et reprise par Pierre Roger qui ajouta aux figurines cyclistes -son fonds de commerce- une courte série de « voitures suiveuses » en zamac dont le fameux camion Ford Cargo « Waterman » accompagné de la mignonette De Rovin-encrier. No.5 dans la Collection Caravane du Tour de France, le camion Savons Le Chat, échelle 1/50è, fut lancé en 1958. Sinon, la Fonderie Roger existe toujours et produit des cyclistes par pelotons entiers.
Citröen fourgon Type H. Clé/Bonux. No. 19.
Usiné en « tôle ondulée » par Javel de 1948 à 1981, fameux « panier-à-salade » cher aux forces de police, le fourgon léger H s’est inscrit, comme la 2CV, au patrimoine roulant et populaire bleu-blanc-rouge. Sauf qu’il était plus souvent gris-usine que rose bonbon. Voire, car le H fut de toutes les livrées possibles. Rayon miniatures, Dinky France fut le premier sur la ligne de départ en 1954. Puis il y eut JRD, Norev, Minialuxe (1/32è) et comme ici, Clé (Clément-Gaget), avec une miniature en plastique dur, réduite à l’essentiel. Un modèle souvent offert en cadeau Bonux, joli mais fragile, avec porte latérale coulissante de rigueur. Dans les années 1980, le Japonais Tomica Dandy en produira une série post-moderne au 1/43ème, aux couleurs publicitaires de nombreuses maisons françaises : Canard-Duchêne, Michelin, Gitanes, Marchal, Camus-Napoléon…