À l’orée des années 1960, les petites-filles rêvaient de devenir hôtesses de l’air, esthéticiennes ou infirmières. Si leurs panoplies de déguisement lorgnaient en général vers la robe de la princesse Aurore ou de la fée machin-chose, leurs poupées Bella ou Barbie anticipaient ces vœux. Le modèle venait d’en haut et en noir/blanc avec le feuilleton télé Janique aimée, où cette jeune infirmière douée pour le bonheur se déplaçait en Solex.
Autre tuteur en blouse : Le journal d’une femme en blanc, publié en 1963 et en deux tomes par André Soubiran, célèbre médecin-écrivain, prolifique auteur, entre autres, des Hommes en blanc. Le bouquin fut illico adapté au cinéma par le vétéran Claude Autant-Lara. Sorti en 1965, le film était porté par Marie-José Nat dans le rôle de Claude Sauvage, jeune gynéco, et abordait les problématiques de la contraception et de l’avortement. Ce qui fit débat. Et aussi un grand succès. Assez rare pour être signalé, il fut alors une enseigne pétrolière -ici Mobil = 6,9% du marché français-, à combler les désirs féminins juniors en offrant, moyennant pleins de super à gogo, des panoplies pour poupées gabarit « mannequin ». Ici, une blouse d’infirmière pour Barbie, Brigitte, Lilly etc… Ceci dit, nul besoin d’une une infirmière, même phantasmée, pour gober des cachets d’Aspro : des lustres qu’on se les administrait sans ordonnance. Inventée par Bayer qui en perdra le monopole et les brevets durant la Première Guerre mondiale, l’aspirine sera récupérée et tamponnée dès 1917 par les frères Nicholas, en Australie, qui la vendront dès 1925 dans le monde entier et en France dix ans plus tard, sous la marque Aspro, devenue un générique par défaut. Panacée universelle qu’il convient d’avaler avec précaution, l’aspirine a été sévèrement proscrite en février 2020 dans le cadre des médocs dangereux en cas de coronavirus.
De gauche à droite
Citroën ambulance Aspro Le Bastard. Salza.
Fondée en 1947 par Victor Salza et spécialisée dans les figurines sportives avec tropisme appuyé pour les cyclistes, la firme de jouets Salza ne pouvait passer à côté du Tour de France et sa fantastique caravane automobile. Outre une 203 découvrable, une série de Jeep et le fourgon Peugeot « nez-de-cochon », Salza moulera en alu quelques véhicules hors-du-commun comme cette ambulance sanitaire publique, véritable clinique roulante aux couleurs de la marque universelle Aspro. Il s’agissait d’une base de fourgon Citroën H relooké par le fameux carrossier Le Bastard, établi à Rouen, spécialisé dans la production de fourgons et camions promotionnels et leader européen des engins publicitaires au style flamboyant, souvent signés Géo Ham ou Philippe Charbonneaux. Produite à une dizaine d’exemplaires, cette ambulance fera de Salza son unique reproducteur, au 1/32ème. Une rareté doublée d’une curiosité aspronomique.
Ford Vedette Ambulance. Norev-1957. No. 14
En même temps que Dinky France avec sa nouvelle Vedette « civile » 1953/4 bientôt suivie de son Taxi parisien assorti, Norev livrait en 1953 une Vedette toute en Rhodialite aux couleurs flashy, bien éloignée de la gamme réelle à l’échelle 1. Cette Vedette, déjà démodée, sera doublée en 1957, vendue en boîte « caisse-en-bois », d’une version ambulance extérieurement accessoirisée, histoire de la voir arriver de loin. Rouge ou blanche, il s’agissait d’une ambulance bien peu orthodoxe car incapable de transporter un brancard. Mais pour Norev, il fallait bien donner aux gamins un moyen d’intervenir au rabais en faisant pimpon pour les accidents sur le tapis du salon. D’autant que la version dépanneuse, recyclant le moule initial, tardera à intervenir (1960).
Renault fourgon 1000 Kg Ambulance municipale. C.I.J. -1957. No. 3-61
Bête à tout faire, rayon utilitaire, de la Régie Renault, le fourgon 1000kg, passé ensuite à 1400kg, fut lancé sur les routes en 1947 et fortement amélioré en 1950. Son endurance fera sa longévité : ensuite baptisé Goëlette, il prendra du poids (4,5t.) et du galon sous le nom de Galion. Démarrée chez C.I.J. en 1955, la (re)production du 1000 kg. donna lieu à une noria de versions, habillages et fonctions, jusqu’à la Croix-Rouge Militaire, avec ouvrants inédits dont le fameux marchepied repliable. L’option Ambulance municipale était peinte en blanc afin de coller à la vogue des films sur les « blouses blanches » qui cartonnaient alors au box-office.