RENTRÉE EN MARCHE ARRIÈRE…

À la fin de l’été 1974, c’est-à-dire la préhistoire pour les Millenials, notre Michou national trustait les hit-parades avec une ritournelle insouciante intitulée « Qu’est-ce-qui m’attend à la rentrée ? ». Un 45t. que l’ange blond de Montmartre offrait aux clients de son cabaret après en avoir entonné les paroles au micro livre en vrai sans playback. « Qu’est-ce-qui m’attend à la rentréééééeeee, je préfère ne pas y penseeeeer, des catastrophes comme toujouououours ». Youpi tra-la-la, champagne pour tout le monde !. Derrière cette rengaine innocente gravée sur 3m.7s. de vinyle, un homme un seul : Jim Larriaga. Vrai prénom Georges, et aujourd’hui frisant les 80 ans. Le gaillard, loin d’être un inconnu dans le show-biz, avait fait décrocher à Carlos ses plus gros tubes –Malabar et Roudoudou, La Bamboula et surtout La Cantine.

Il avait écrit pour Thierry Le Luron et pour Remy Bricka, pour la Bande à Basile, pour Julie Bataille et pour Jacques Martin. « Tarte molle », c’était du Larriaga pure crème. Il avait aussi catapulté au premier rang du ring-parade de Guy Lux, un prodige vocal de 11 ans, prénommé Roméo, en lui faisant chanter « Ma vie, mes copains et ma bicyclette ». Mais le plus gros coup de Larriaga s’appelait Charlotte Julian, la frisée rousse de Perpignan montée à la capitale. En trois refrains –« Je suis une fleur de province », « Allez hop ! tout le monde à la campagne » et « Je sors le samedi soir »-, il avait fait de la chanteuse une star des charts à la française. Auteur de chansons légères et optimistes que le pays reprenait en chœur, des écoliers aux séniors, Jim Larriaga mériterait mieux qu’une hagiographie succincte sur www.bide-et-musique.com. Alors qu’on déboulonne à tout va, ça et là, pourquoi pas un monument tout à lui dédié ?. Ou un prix musical ?. Arielle Dombasle en serait la marraine, elle qui chanta en 1986 « Je vous salue, mari », co-écrit par Larriaga. En attendant, « Qu’est-ce-qui m’attend à la rentrée ? » retombe à pic entre masque obligatoire, vélo à gogo, fournitures scolaires à prix d’or et « autre catastrophes ». Et si, comme Michou, on décidait de ne pas rentrer et de prolonger les vacances. Avec un cabriolet tout est possible….

De gauche à droite

Jaguar 3,4 l. Mk.2. Dinky Toys GB. 1960. No. 195

Dévoilée en 1959 et produite jusqu’en 1967 moyennant plus de 28.000 exemplaires, la Jaguar 2,4l. / 3,4l. de la première génération évoluera très peu stylistiquement. Hormis la découpe des ailes arrière et quelques détails, les différences entre la Mk1 et la Mk2 se nicheront sous le capot pour muter la bestiole en bête de rallye et de circuit. Vantée et vendue comme « la berline de série la plus rapide du monde », la Mk2 était aussi la voiture de luxe la plus rapide du moment. Auréolé d’un prestige unique, ce modèle fut aussi funeste à Jean Bruce : c’est à son volant que l’auteur de polars, père de OSS117, se tua le 26 mars 1963, sur la RN16, entre Paris et Chantilly. Grosse vitesse contre gros camion. La Mk2 fut aussi la voiture préférée de l’Inspecteur Morse dans la série éponyme, diffusée en Angleterre à partir de 1987. Très présente au cinéma, cette Jaguar est évidemment un collector dont la jumelle, la Daimler 2000/2500 V8, commercialisée en 1962 trouvera 17.000 acquéreurs plus embourgeoisés en dépit de ses performances ébouriffantes.

Rayon miniature, la Jaguar 3,4 l. Mk.2. prendra la suite logique de la 2,4l. Mk1, reproduite par Corgi Toys et par Norev avec ailes arrière carénées. La version estampillée Spot-On se référait à une Mk1 mais avait toutes les apparences d’une 3,4l. Mk2, avec ses ailes arrière « découpées », version civile comme Police. Apparue au catalogue en 1960, la Jaguar 3,4l. Mk2 de Dinky Toys GB était réduite au 1/48è. Vitrage, aménagement intérieur, suspensions : le modèle était proposé en rouge grenat, crème et gris clair, mais désolé pour les dinkyistes, il n’avait rien de passionnant. Seul intérêt : sa jumelle Daimler qui suivra en 1963 avec la calandre pour seule modification notable de moule (no. 146). Déclinée en Police Car toute blanche (no. 269), la Jag’ Dinky connaîtra ensuite un avatar avec une curry-replica surmoulée par l’Indien Nicky Toys, peinte avec les pieds et dotée de roues de train : en effet, à partir de 1968, Dinky Toys bradera une vingtaine de moules fatigués à la firme indienne Atamco, basée à Calcutta, et qui, par sous-traitances diverses, commercialisera ces copycats « autorisés » sous la marque Nicky Toys non sans reprendre sans trop de vergogne les codes des Dinky originales. Enfin, savoir que le numéro de référence, de la Jaguar (#195), sera attribué en 1971 au nouveau Range Rover break pompiers.

Plymouth Fury cabriolet ‘62. Dinky Toys GB. 1963. No. 137

Gamme de voitures produites par Plymouth (Chrysler Corp.) entre 1958 et 1978, les Fury furent des bagnoles populaires aux dimensions débordantes et aux décors rutilants avant de se ranger plus sagement sous des standards stylistiques quasi laconiques plus proches de la shoe-box banale que du buffet baroque supersonique. Chez Dinky Toys, à Liverpool comme à Bobigny, on aimait beaucoup les Plymouth. Après la Belvedere (Dinky France), après la Plaza, la Fury sera la troisième Plymouth à rouler, avec choix du millésime 1962-1964, soit la troisième génération des Fury. Version cabriolet avec capote dépliée en plastique amovible clipée, cette Fury moulée au 1/42ème était la première « grosse » américaine chez Dinky GB, juste avant la Lincoln Continental (1964), annonçant par ses dimensions exceptionnelles, la série des six américaines produites à Honk-Kong sans jamais, toutefois, en intégrer le contenu. Commercialisée en plusieurs coloris -blanc, vert tilleul métal, gris, bleu métal, rose, crème avec capote gris mastic ou vert mousse, le cabriolet capoté Fury disposait d’un capot ouvrant et d’une figurine au volant, assise sur un intérieur rouge ou blanc. Deux ans plus tard, en 1965, une seconde version baptisée Fury Sports (no. 115), viendrz rouler dans les pneus de son aînée : plus de capote, mais deux antennes plastique fichées sur les ailes arrière, deux figurines à bord, des phares diamantés, des roues venues des chez Spot-On et une seule couleur : ivoire/intérieur rouge. À l’instar de la Jaguar évoquée plus haut, la Plymouth Fury cabriolet sera récupérée par Nicky Toys qui en fera l’habituelle réplique paupériste dont le charme post-industriel rameute aujourd’hui de nombreux collectionneurs. Décidément très attaché à la Plymouth Fury, Dinky GB reproduira en 1977 la Gran Fury en versions Police, Yellow Cab et Stock-car avant d’envisager la production d’une version civile, prototypée en 1980, mais abandonnée en cours de route. Hasard et coïncidence : Matchbox usinera à la même époque dans sa série Super Kings, une Plymouth Gran Fury identique.  

Mercedes-Benz 200 D Taxi Lisboa.  Metosul. 1970. No.10

Dessinée par le Français Paul Bracq avec le Viennois Karl Wilfert, la nouvelle Mercedes W110, lancée en 1961, remplaçait la très ronde 180/190 dite « ponton », habillée d’une carrosserie moderne à ailerons arrière fort raisonnables que la firme de Stuttgart et la presse auto allemande qualifieront avec pudeur de « viseurs », indispensables pour se garer impeccablement. Vendue dans le monde entier à plus de 628.000 exemplaires au gré de plusieurs phases, la MB 190/200 qui carburait au diesel fera le bonheur des chauffeurs de taxi. Avec ses phares ronds, son museau plus court, ses feux arrière en amande et sa sobriété en chromes et enjoliveurs, la 200 D ne jouait pas dans la même cour que la 220SE, son aînée présentée en 1959 et autrement plus statutaire avec, notamment, ses phares verticaux. Dure au travail et increvable, la 200 D finira sa carrière commerciale en 1968, remplacée par la W114/116 à l’allure plus carrée, et elle aussi, indestructible. Sans doute parce qu’elle était la cadette de la 220 SE, déjà amplement reproduite en miniature en Europe comme au Japon (Tekno, Schuco, JRD, Norev, Politoys, Dinky GB, Gama Mini, Ingap, Comando, Geyper, KK Sakura…), la 200 D sera totalement occultée par le marché du 1/43ème, exception faite de l’ambulance Binz sortie chez Matchbox en King Size. Aussi la 200 D de Métosul est-elle un mystère. Fabricant de jouets portugais établi depuis 1931, Osul, devenu Metosul en se consacrant à la production d’autos miniatures en zamac, ne travaillait qu’avec des anciens moules venus de chez Dinky Toys (France et GB), Corgi Toys ou encore Tekno. Histoire d’en amortir encore plus l’usage, Metosul multipliera les versions Police, Taxi, Pompiers, etc… Si l’ensemble de la gamme des Metosul produites au Portugal entre le mitan des années 1960 et 1990, est parfaitement traçable, cette Mercedes 200 D semble sortie de nulle part. En dépit d’une échelle identique -1/48un brin courtaude-, il ne s’agit pas du moule Gama Mini/Dinky GB remanié, ni de celui d’aucun autre fabricant. À moins qu’il ne s’agisse d’un prototype resté en l’état, peut-être chez Corgi, et fourgué avec le reste. Si quelqu’un ici en sait plus, qu’il parle (ou se taise à jamais, hahahaha !). À sa grande habitude, Metosul a mis le paquet sur sa 200 D : outre la berline civile, il y eu une version pompiers, une police portugaise, une Polizei et une ambulance. Quant au taxi, il s’est partagé, avec livrée bicolore ad hoc, entre Amsterdam et Lisbonne. Nonobstant un changement de roues peu heureux pour faire rapido, le modèle Metsosul est resté intouché, avec son étoile sur calandre bien visible. Increvable, on vous dit….