CAMPING OU MOBIL-HOME ?

Planter sa tente le temps d’un bivouac est une pratique ancestrale remontant à des temps immémoriaux. Symbole du nomadisme tribal et conquérant, puis d’un certain art de voyager et d’explorer, le camping s’est organisé militairement dans le cadre de manœuvres de terrain, inventant et éprouvant des solutions techniques et des dispositifs matériels ensuite rendues à la vie civile en passant par le scoutisme militant. Dès le début du XXème siècle, le camping, devenu un loisir, occupera les congés aventureux de toute une génération. Avec pic de popularité sur le front de 1936 quand les Congés Payés furent venus. Entre temps, le bibendum Michelin avait lancé son Guide Vert. Première contrée régionale ratissée : la Bretagne, en 1926. Suivront les Châteaux de la Loire, la Provence, la Côte d’Azur… Une fois le territoire hexagonal couvert, ce sera l’Europe. L’idée étant de mettre des bâtons dans les roues du Guide Bleu d’Hachette, le Guide Vert de Michelin jouera les thémas transversales. Le Camping en faisait partie, preuve de son immense percée dans les us vacanciers des Français

Avec 22 millions de clients dont 25% d’étrangers et un chiffre d’affaires annuel estimé à 2,5 milliards d’euros, le camping ou HPA (Hôtellerie de plein air) arrive juste derrière l’hôtellerie « en dur » comme choix des vacances. Tentes, caravanes, mobil homes : avec près de 900.000 emplacements, la France dispose du premier parc européen, estimé en 2019 à 7937 établissements (il y en avait 9333 en 2016), majoritairement classés 3 étoiles. Rayon cinéma, le camping est un terrain fertile et référé depuis Dupont-Lajoie de Yves Boisset jusqu’à la saga des Camping 1, 2 et 3 avec Franck Dubosc en passant, dans un tout autre genre, par Délivrance de John Boorman, où camper au son du banjo était atrocement fatal. La crise du Covid-19 n’a pas épargné la filière, très soutenue médiatiquement, à croire qu’il n’y a que les habitués du camping des Flots Bleus à partir en vacances. Déjà, une croix sur les 25% d’étrangers. Ensuite, incertitude sur l’horizon estival. Décamper pour camper?. Et si on louait à Saint-Tropez ?. En 1950, le cinéaste Yvon Noé tournait une charmante chronique d’ un groupe de jeunes en vacances en camping, un Hôtel de la Plage de son époque, aujourd’hui totalement oublié. Son titre ?: Les vacances finissent demain.  

De gauche à droite

Peugeot 403 Grand Luxe. Norev-1955.

No. 9

Lancée en 1955, la nouvelle berline sochalienne succédait en théorie à la 403. Typologie ponton, grand coffre, toit ouvrant, moteur à toute épreuve, la robuste 403 accomplira une longue carrière, son diesel la favorisant auprès des chauffeurs et des flottes des taxis. Moderne et sobre, sûre et rassurante, en cela très Peugeot, la 403 sera l’une des voitures françaises les plus vendues, toutes versions confondues. La plus célèbre, à postériori, étant le cabriolet gris métal de l’inspecteur Colombo. Bien que signé Pininfarina, son design ne séduira guère les Italiens, pas plus que les Allemands. Franco-française et plus encore jusqu’au Maghreb, la 403 sera produite jusqu’en 1966, six ans après l’apparition de la 404, présentée comme sa remplaçante. Chez Peugeot, on savait faire durer le durable, à défaut du désirable. En miniature, la 403 sera reproduite à foison par Dinky-Toys, Quiralu et Solido ( démontable) en métal, par Minialuxe, Clé, BS et Jep en plastique. Bien que la 403 succédait en toute logique à la 203, Norev se distinguera en sortant la même année 1955, une 203 « rajeunie » et la nouvelle 403 en précisant qu’il s’agissait du modèle Grand Luxe. Soit, car la miniature était paupériste en diable. Seul luxe notable : sa calandre en plastique chromé ajourée que certains Novéristes ayant sniffé trop de Rhodialite iront jusqu’à comparer à un bijou. On se calme et on boit frais à Saint-Tropez : la 403 Norev était rasoir, banale, un brin ventrue, carrément pataude. Pas de quoi se rouler par terre pour l’avoir en cadeau. Et se sont pas ses feux orange rapportés, son antenne radio, voire son moteur à friction qui la sauvaient de l’ennui. Les amateurs de Norev dissertent sur les versions sans et avec clignos sous les phares (modif datée 1957), sur la version Baby, encore plus dépouillée, ce qui était une prouesse, mais surtout sur la version Stock-Car du coffret éponyme, ref CP 2: avec une Simca 1000, une Traction 11CV de la série Moyen-Âge, et une VW Cox, notre 403 bim-boum-bamait en carrosserie plastiques-mix, selon le fameux procédé de mélange que Norev utilisa longtemps pour ses aménagements intérieurs. Attention : méga-collector !.

Simca Chambord + caravane Henon. Norev-1959. No. 91.

À la fin des années 1950, les grosses Simca de l’ère Pigozzi (1) portaient des noms de châteaux français, arboraient des combinaisons de couleurs hardies et des ailerons suraigus pour faire américain. Sous le capot, un V8 Ford grondant, ce qui n’en faisait pas des vraies voitures françaises comme l’exigeait Mon Général. Produites pendant quatre courtes années en plusieurs versions -Chambord, Beaulieu, Régence, Marly (qui désignait les breaks)- les ultimes Vedette de Poissy, héritières de la Versailles,

sillonneront avec superbe les routes nationales, cap au Sud, Midi-Pyrénées vers l’Espagne ou Côte-d’Azur vers Vintimille et l’Italie. Routières et familiales à la fois, un chouia tapageuses, elles finiront leur carrière au Brésil mais avant cela, feront le bonheur des petits garçons, reproduites à foison, métal ou plastique, tractant des caravanes, à toutes les echelles, du 1:86ème au 1:43ème et plus gros encore. Les différences seront marquées par les choix industriels des fabricants-reproducteurs : la Chambord pour Dinky-Toys ; la Beaulieu pour Solido (série des démontables) et pour Empire dans une version exotique made-in-Hong-Kong!. Plus royaliste que le roi, Minialuxe usinera en 1958 et 1959 à l’echelle 1/32è, et la Chambord et la Beaulieu et la Présidence !. Plus modeste mais pas en reste, Norev

se pavanera au 1/43è avec les deux versions : Chambord et Beaulieu, reconnaissables à leur jeu de couleurs flashy, rendu possible par un assemblage de chaque modèle en trois éléments. Bardées de chromes, feux arrière fluo, ces Chambord et les Beaulieu étaient vitrées mais sans aménagement intérieur et sans suspensions. Y étaient ajoutées, selon les versions, deux antennes radio piquées sur les ailes arrière. Vendues en boîtes caisse-faux bois, ces deux « vedettes » furent proposées en une infinie gamme de couleurs panachées, ce qui rend aujourd’hui leur collection encore plus vaste et subtile. Si la Chambord sera vendue seule (no.40), à l’instar de sa jumelle Beaulieu (no.39), jusqu’à 1965, son attelage avec la caravane Hénon, lancé en 1959, jouera les prolongations bien au-delà. Caravanes de luxe, voire palaces roulants, les Hénon étaient novatrices et son concepteur, Henri Hénon, venu de la conception de cabines de paquebots, connaissait son affaire. Riposte moderne et tout plastique à la caravane « avec glaces » de Dinky-Toys qui ne se réfère pas à Hénon bien que ça y ressemblait fort, la version de Norev lancée e 1959 restera une éternité au catalogue, jusqu’en 1970, tractée par la Simca Chambord, la Lancia Flaminia, et plus invraisemblablement, par la Mercedes-Benz 250 SE. Elle sera doublée par la caravane Digue Panoramic, plus moderne, tractée dès 1962 par la Peugeot 404, par la Chevrolet Corvair Monza (autre incongruité !) et enfin par la Peugeot 504.

(1) Henri-Théodore Pigozzi (1898-1964), industriel de l’automobile d’origine italienne fut le DG puis PDG de Simca de 1935 à 1963.

Porte-clés Tuc

Lancé en Belgique en 1958, le TUC fut le premier euro-cracker salé d’apéritif, inventé par Paul Parein, industriel belge qui ne voyageait pas sans biscuit. C’était d’ailleurs son métier, hérité d’une cuisson plein four chauffée depuis 1890 et démoulée pur sucre au pays du speculoos. L’idée lui était venue lors d’un périple aux   USA et sera développée alors que Bruxelles qui préparait son Expo Universelle, se rêvait américaine. A l’heure où tout un continent se contentait de cacahuètes pour éponger le Martini Rosso, l’euro-cracker de Parein révolutionna les raviers et se hissa fissa au top des apéritubes. Friable, salé, un chouia huileux, contenant 470 calories, le TUC était effectivement un crack de la croque avec son format octogonal à la Petit-Beurre, ses 3,3cm de largeur, 4,5cm de longueur et 4 coins coupés net sur 1cm. Vingt perforations + 21 inscrivant en surface son nom : TUC. Pour Trade Union Corporation ou pour Temps Universel Coordonné ?. Autre énigme : le grand designer Raymond Loewy a-t’il, oui ou non, veillé au design du TUC ?. Nourrie par le fait que Loewy a effectivement redessiné le logo LU en 1956, deux ans avant la création du TUC et plus de vingt ans avant que LU en fasse qu’une bouchée en 1977, la confusion s’auto-alimente d’une rumeur selon laquelle Loewy aurait donné en sous-main un coup de de crayon amical à Parein. Ça ne mange pas de pain, ça ne manque pas de sel, mais cela reste apocryphe. A prononcer avec un TUC entier en bouche