Le Grand Confinement du printemps 2020 aura obligé nombre de pères de famille à s’inventer des occupations et parfois s’improviser bricolos-du-dimanche-sauf-que-c’est-tous-les-jours. À l’image d’une pub pour un fournisseur d’électricité dont on a oublié le nom montrant un brave papa faisant tout péter dans la casbah et le quartier, le coup de la panne plonge souvent dans le blackout la tribu déjà en mode lockdown. Rien de bien nouveau : déjà en mars 1959, l’hebdomadaire Tintin illustrait l’amateurisme paternel en matière d’ampoules et bobines télé. Résultat, écran total muet. Note aux design-addicts : le fauteuil rouge se réfère au célèbre Lady de Marco Zanuso, best-seller mondial et qu’on verra souvent dans Spirou et chez Modeste & Pompon.
Sinon, les Confinés l’ont réclamé : encore et toujours plus de films avec Louis de Funès, antidotes inusables à la morosité forcée. Des Gendarmes en rafales tropéziennes aux comédies post-modernes atypiques comme Jo, c’est un festival Fufu doré sur tranche que nous livrent FR2 et M6. Ironie du moment : le Ier avril 2020 devait s’ouvrir la première expo et rétrospective filmée consacrée à l’acteur comique par la Cinémathèque française. Un oukase qui a défrisé une frange pisse-vinaigre de la critique mais enchanté la presse. Comme quoi. En attendant un retour à la normale et en espérant que ce ne soit pas annulé, c’est à la télé que ça se passe. D’autant que l’INA a mis en ligne feuilletons, téléfilms et variétés made-in-ORTF, et que toutes les plateformes digito-cinéphiliques italiennes, allemandes et américaines ont procédé de même. Sortir du Confinement sans savoir par cœur les dialogues de Rabbi Jacob sera impardonnable.
De gauche à droite
Batmobile. Corgi Toys -1966-1983. No. 267.
Milliardaire, Bruce Wayne vit à Gotham City. Le mal rôde et terrorise la ville. La nuit, comme une chauve-souris (bat), il saute dans la défroque de Batman et part combattre et vaincre les méchants. Premier super-héros américain apparu en 1939 sous le dessin et récit de Bob Kane et Bill Finger, Batman deviendra très vite un héros de cinéma mais ce sera, en 1966/68 la série télé avec Adam West et le jeune Robin (Burt Ward) tout aussi collé-masqué dont le couple fera jaser jusqu’à évoquer une relation bat-gay, qui en forgera le succès mondial en 34 épisodes. Le duo circule la nuit à bord de la Batmobile, en vrai le show-car Lincoln Futura customisé total délire par le grand George Barris qui trafiquera aussi la Monkeemobile, la K2000 et la Black Beauty du Frelon Vert. Parmi les milliers de produits dérivés et de jouets, la Batmobile sera reproduite dès 1966 par Corgi Toys qui l’usinera jusqu’en 1983. Bardée de gadgets, tractant ou non le Batboat, la Batmobile Corgi sera produite à près de 5 millions d’exemplaires, second best-seller mondial Corgi après l’Aston-Martin de James Bond. Si Corgi reste ici accroché au sommet comme une chauve-souris à une perruque, d’autres marques ont batmobilisé le mythe auto sur le mode mineur: Politoys en Italie et en plastique, moule repris au Mexique par Mac Gregor (achtung raretés !) et l’Américain AHI-Amrak avec un set Batmobile+Batboat en plastique. Sans oublier tous les modèles en tôle Made-in-Japan…
Renault Estafette Gendarmerie. Minialuxe-1960-1982.
Remplaçant, enfin!, le bon vieux 1200kg, le nouveau fourgon léger de la Régie nationale apparut toutes portes coulissantes en 1959. Moteur Ventoux de la Dauphine et traction-avant -une première chez Renault- nom de baptême inspiré du langage et de l’usage militaires, cette fourgonnette versatile sera rehaussée, vitrée, proposée en micro-car, alouette, plateau-bâché et bien évidemment captée par la police et la gendarmerie. La majorité des reproducteurs de l’Hexagone s’y colleront, moyennant une multitude de versions : Dinky, CIJ-Europarc, Clé, Norev et Minialuxe, en 1960, qui choisira l’échelle 1/32è et placera sa miniature en configurations publicitaires, ambulancières, policières ou gendarmesques au gré de coffrets « Secours » à dimensions variables. Minialuxe sera aussi l’unique reproducteur de l’Estafette à en suivre les modiques modifications avec la nouvelle calandre ajourée adoptée en 1973. Et à l’instar de Norev, procèdera à sa diffusion ludique jusqu’au début des années 1980, imitant la carrière de l’Estafette échelle 1, jusqu’à usure totale des moules…
Jaguar Type E coupé 2/2 4,2l. Dinky Toys GB -1968. No.131. Bateau Healey Sports + remorque. Dinky Toys GB -1965. No. 796.
Due au designer aérodynamicien anglais Malcom Sayer, lancée en 1961, la Jaguar Type E fut la plus spectaculaire et la plus glamour des voitures de sport des années 1960, obligeant le gotha des fabricants de jouets et miniatures à se jeter dans le circuit sans toutefois trop se conformer au diktat du 1/43ème. En effet, que ce soit Spot-On au 1/42ème, Dinky GB et Corgi Toys entre 1/45 et 1/48ème, la Type E tournera en rond. Fort heureusement, Tekno, Politoys, Norev (sans doute la plus réussie), Minialuxe, Joal ou encore le Japonais KK Sakura sauront respecter la règle tutélaire. Pour s’amender, Dinky GB, tout comme Corgi, cassera le moule en 1968 pour une nouvelle Type E Coupé 2+2 richement accessoirisée et vissée sur un châssis doré !. Proche du 1/40ème -chez Dinky GB, le curseur avait du mal à se fixer sur le 1/43ème– , superbe et enviable dans ses robes blanche ou métallisées, cette Type E vendue en boîte rigide clipée sur socle jaune finira en 1975 sur les jantes rapides Speedwheels.
Au cinéma, la Type E fera aussi une belle carrière, loupant les James Bond au profit d’Aston-Martin, mais se rattrapant ça et là jusqu’à devenir une pop-légende. Dans Danger :Diabolik (Mario Bava- 1968) le génie du mal interprété par John Philip Law pilote une Type E noire, exactement comme dans la bédé originale italienne culte. Cette même année 68, dans Le Petit Baigneur, Louis de Funès, pourtant abonné aux DS 21 Pallas noires, conduit une Type E coupé 2+2 noire avec les initiales LPF peintes sur les portières. LPF pour Louis-Philippe Fourchaume, patron éruptif des chantiers navals du même nom. Rejoignant ici l’équipe des Branquignols menée par Robert Dhéry et dont il fit partie à la fin des années 1950, de Funès pilote sa Type E jusqu’à en étirer la fuselage de 2m. au cours d’un tracto-gag mémorable. Quant au Petit Baigneur, c’était évidemment un bateau et plus précisément un voilier à coque révolutionnaire. La suite, on la sait par cœur….