AUX BRASSEURS RÉUNIS

De son père, monstre sacré du théâtre et du cinéma, Claude Brasseur avait hérité et du talent et du goût des belles bagnoles et de la vitesse. Les photos montrant Pierre Brasseur au volant ou posant devant sa Mercedes-Benz 300 SL à porte papillons furent largement diffusées en leur temps par la presse. Pilier d’une dynastie de comédiens remontant à la fin du XIXème siècle, Pierre Brasseur, né Espinasse, avait pris le nom de sa mère, la comédienne Germaine Brasseur, pour attaquer la scène et l’écran.

Dramaturge, metteur-en-scène, acteur, il tournera sans discontinuer jusqu’en 1972, foudroyé pendant le tournage du film La plus belle soirée de ma vie, dirigé par Ettore Scola. Dans cette fable rare, Brasseur avait pour partenaires rien moins que Alberto Sordi, Charles Vanel, Michel Simon et Claude Dauphin !. Brasseur-père était célèbre en Italie où il avait joué dans une demi-douzaine de films dont Vêtir ceux qui sont nus, d’après Pirandello, Carthage en flammes, un péplum mémorable, ou encore Le bel Antonio, avec Marcello Mastroianni, adapté du roman de Vitaliano Brancati. Cette même année 1972, l’acteur avait publié ses mémoires, Ma vie en vrac. Ric-rac et ironie du sort. De son premier mariage avec Odette Joyeux, grande vedette du cinéma reconvertie en auteur de best-sellers dont le plus célèbre, L’âge heureux, porté à la télé en 1966 sous forme de feuilleton, fera rêver des milliers de petites filles en tutu qui s’identifieront à son héroïne jouée par Delphine Desyeux, Pierre Brasseur avait eu un fils unique, Claude. Qui entrera à son tour dans la carrière au mitan des années cinquante. Petits rôles au théâtre, au cinéma. Parfois dans l’ombre de géants de la trempe de Jean Gabin (Rue des Prairies), de Michel Simon (Pierrot la tendresse), et même de son père, dans Les yeux sans visage où il jouait un inspecteur de police. Pour se faire un prénom avec un nom pareil, le jeune comédien ne devra pas tuer le père. En 1961, Jean Renoir l’engage pour Le caporal épinglé. Aux côtés de Jean-Pierre Cassel et de Claude Rich, le jeune Brasseur affirme physique et présence. Et un penchant pour la comédie. Également tourné en 1961 par Roger Vadim, La bride sur le cou a pour star rien moins que Brigitte Bardot. Avec Michel Subor, comme lui chirurgien coureur de jupons, il flirte sans succès avec BB. Badinage charmant construit autour de la star, La bride sur le cou donne à voir une course en karts disputée par les trois personnages entre virages et bottes de paille. Un parfum d’époque, en noir/blanc. Second rôle efficace casté derrière Belmondo, Jeanne Moreau et toutes les têtes d’affiche des sixties, Claude Brasseur gravit sans se presser les échelons de la célébrité, dirigé par Costa Gavras, Michel Deville, Godard…. Après un premier rôle en vedette dans Le chien fou (Eddy Matalon-1965), il devra patienter jusqu’en 1971 pour partager le haut du générique avec une Marthe Keller, pas encore Demoiselle d’Avignon mais déjà révélée par Philippe de Broca : las, Un cave de Gilles Grangier, ne restera pas dans le ciné-mémoires. Ce sera Truffaut, l’année suivante, qui le hissera et pour longtemps au sommet : Une belle fille comme moi, avec Bernadette Lafont fera un carton au box-office. Le public adore Brasseur qui triomphe aussi à la télé avec Les nouvelles aventures de Vidocq. En coulisses, l’acteur ne cache pas sa passion pour les voitures, pour la vitesse. On le signale possesseur d’une Aston-Martin DB4, d’une Ferrari 275 GTB. Il s’est offert une Austin-Healey 3000 MkII et une Jaguar XK 120 pour les restaurer. Avec Jean-Louis Trintignant, Guy Marchand, Eddie Vartan et Johnny Hallyday, Brasseur a rallié la Star Racing Team formée par le truculent Moustache au sein de la Simca Racing Team. Au volant de pétaradantes Simca 1000 Rallye 2, les gaillards s’éclatent en amateurs plus ou moins chevronnés. Au cinéma, le volet Brasseur et les voitures s’étoffe pour le meilleur et pour le rire. Dans Le viager que Pierre Tchernia a tourné en 1972, il incarne Noël Galipeau, le rejeton sale-gosse-qui-a-mal-tourné de la famille qui attend que papy Martinet (Michel Serrault) casse enfin sa pipe pour mettre la main sur la bicoque de Saint-Tropez. Sa famille décimée, Noël a décidé de zigouiller le papet. Pour ce faire, il s’est acoquiné par deux pieds-nickelés joués par Jean Richard et Gérard Depardieu (à ses débuts ou presque). Au volant d’une vieille Traction , le trio maléfique finira en fumée, atomisé par les fusées des feux d’artifice. Ultime réplique du film, de Serrault à son chien : tu vois Kiki, c’est le bouquet…

Son premier César, Brasseur le décrochera pour son rôle dans Un éléphant ça trompe énormément. Il y était Daniel, gay et vendeur de voitures à bord desquelles il balade ses potes, soit, tour-à-tour, une Rolls-Royce Silver Wraith, une AMC Pacer ou une Buick Electra, américaine à jamais indissociable de la scène de la brasserie où Brasseur, faux aveugle, casse la baraque au propre comme au figuré. Rebelote dans Nous irons tous au paradis, la suite, avec les mêmes dans un cabriolet Dodge Dart dont la capote bloquée les laissera trempés comme des soupes par un orage comaque.  Autre genre, autre voiture : dans La Boum où, marié à Brigitte Fossey, il est le père de Vic (Sophie Marceau), Brasseur conduit une Matra-Simca Rancho, LA bagnole sexy à la mode du moment. On est en 1980. Un second César se profile, pour La guerre des polices. Sur scène, Brasseur brûle aussi les planches. Et bientôt le sable. Le voici embarqué avec son pote Jacky Ickx dans l’aventure du Paris-Dakar, soldée par une victoire à bord d’un 4×4 Mercedes-Benz 280 GE. En 1984, pour le film pub Renault Tranches de vie, le réalisateur Pascal Thomas mettra une Alpine GTA V6 Turbo rouge dans les mains de Brasseur. Aucun dialogue, juste le John & Mary de Robert Palmer en BO et une R8 Gordini des copains en double file. Brasseur au volant, ce sera jusqu’au bout ou presque. Dans Camping, il est Jacky Pic, retraité de Melun, marié à Mylène Demongeot, abonné, lui et sa CX rouge brique, à l’emplacement 17 des Flots Bleus. Prévu pour Jacques Villeret, décédé en 2005, quelques mois avant le tournage, ce rôle sera reconduit dans Camping 2 et Camping 3. En 1993, les deux comédiens avaient remporté un triomphe au théâtre dans Le dîner de cons, joué au long cours. Un jour, Brasseur qui déjeunait chez Lipp tombe sur François Mitterrand accompagné de deux journalistes du Monde. Échange d’amabilités entre le président et le comédien :

-Ah, Brasseur, vous avez toujours votre dîner le soir ?.

-Oui, Monsieur le président.

-Eh bien moi, j’ai mon déjeuner…

De gauche à droite

Citroen CX 2200. Norev Jet-Car. 1975 . No. 845

Caravane Europa Caravelle. Matchbox King-Size. No. K-69

Elle devait remplacer la DS. Mission accomplie. Ou presque. Car en matière d’image, la CX patine loin derrière celle de sa prestigieuse aînée et ne passera jamais au stade d’icône.

Lancée durant l’été 1974, élue « Voiture de l’année » 1975 -quatre ans après la GS-, roulant dans la catégorie des grandes routières, la CX embarquait toutes les techniques de la DS. En tête : la suspension hydropneumatique. Et aussi quelques innovations appliquées à la SM, comme l’assistance de direction Diravi. Sa ligne, profilée, galbée et lisse, était l’œuvre de Robert Opron ; son intérieur, plus spacieux que celui de la DS, dessiné par Michel Hermand. L’ensemble remportera le Prix du Style. Certes, on y décèlera un bel air de famille avec la GS et surtout l’influence du fameux prototype BMC designé par Pininfarina en 1968. Comme la GS, la CX possédait un coffre à l’accès limité par l’absence de hayon en dépit de son concept bicorps. Ce sera là son seul défaut, jamais corrigé. Les mécontents se consoleront avec l’immense break, lancé en 1976. Lors de sa conception, la CX était prévue pour abriter sous son immense capot le moteur rotatif Wankel qui équipait la NSU Ro80. Le flop intégral de la GS Birotor, en 1973, fera réviser la copie. Le projet du moteur V6 de la SM, oblitéré par la crise du pétrole, finira aussi à la poubelle. D’autant que Citroën, en faillite, vient d’être racheté par Peugeot, et qu’à Sochaux, on ne goûte guère ces fantaisies. La CX recevra donc les vieux moteurs de la DS 20 (11CV) et de la DSuper 5 (12CV). Soit sur catalogue et sur route, une CX 2000 et une CX 2200. Quant au fameux CX, s’il est exceptionnel, il s’avèrera inférieur à celui de la GS !. Ça ne refroidira pas les clients : en un an, la CX se vendra à 100.000 exemplaires. Et rattrapera sa motorisation archaïque en passant au diesel, puis avec un moteur à injection 2,4 l. qui passera à 2,5 l. Puis au Turbo. Il y aura même une GTI. Et encore la version Prestige, rallongée de 25cm, qui se pavanera dans la cour de l’Élysée. De fait, CX disputait le pavé ministériel et présidentiel à la Peugeot 604.

À l’inverse de la DS, Citroën ne déclinera pas la CX en coupés ou cabriolets. Les rares essais et propositions carrossées par Heuliez (break Evasion) ou par Deslandes (cabriolet Orphée)

seront dûment présentées dans les salons, mais ne connaîtront aucun développement en série. Seul le break qui dame le pion à la concurrence -Peugeot 504, se démarque dans la gamme. Immense, doté évidemment d’un hayon, il servira d’ambulance et même de corbillard. Encombrée d’une image pépère, la CX rue dans les brancards. Pas la peine de mettre le turbo si c’est pour être conduite en charentaises. Si les DS ont fait les beaux jours du Rallye de Monte-Carlo, confiées aux meilleurs pilotes, les CX qui sont comparées à des avions sans ailes, ont déjà participé à une flopée de rallyes et de raids : Coupe de France des rallyes sur terre, Rallye de Côte d’Ivoire – Côte d’Azur, Rallye international des 1.000 Pistes, Rallye du Maroc “Al Massira”…Citroën qui n’a pas oublié la Croisière Noire, engagera aussi dès 1979 ses CX dans le Paris-Dakar. En 1980, André Costa, essayeur à l’Auto-Journal, occupera les premiers rangs durant les premières étapes. L’année suivante, le constructeur alignera quatre équipages au départ de la 3ème édition du plus médiatisé des rallyes de l’époque. Celui formé par le pilote de F1 belge Jacky Ickx, recordman des victoires au Mans, et par l’acteur Claude Brasseur, ici navigateur, fait le buzz aux commandes d’une CX 2400 GTI sponsorisée par Texaco Belgique. Du Trocadéro au lac Rose au Sénégal, pas moins de 291 concurrents -autos/motos/camions- doivent couvrir 6. 268 km. Seulement 91 passeront la ligne d’arrivée, dont une seule CX, pilotée par Luc/Alessandrini, classée 16ème. Les trois autres ont abandonné. L’essentiel, c’est de participer comme disait l’autre. D’autant que le barnum déclenché par la course ressemblait furieusement aux Fous du Volant. Il y avait même une Rolls-Royce Silver Shadow engagée par Thierry de Moncorgé, le fils de Jean Gabin !.

Rallye ou pas, au mitan des années 1980, un restylage de la CX s’impose. Léger, subtil. Et accompagné d’une motorisation décoiffante : avec la GTI Turbo, la CX fonce à 220 km/h. Ça méritait bien une pub. Chose faite en 1986. Jean-Paul Goude imaginera un film+image affiche qui arrache. Sa muse, la chanteuse Grace Jones y crache une CX démoniaque sous le signe des chevrons sauvages. Un tabac, même si la pub sera interdite dans plusieurs pays. La CX tirera sa révérence en 1991 après 1.169.000 millions d’exemplaires vendus. Elle sera remplacée par la XM ou un truc dans le genre. Rien de palpitant.

Réduite au 1/43è, la CX ne connaîtra pas la frénésie provoquée par la DS, même si l’on décompte plusieurs miniatures dont celle produite par Norev dès 1975. Choix du fabricant : CX 2200. Moulée plastique Plastigam (no. 207) déclinée en radio-taxi, ou en métal Jet-Car avec variantes Radio Taxi et Allo Taxi (no. 800). À l’inverse de sa DS 21 et sa GS dotées chacune de nombreux ouvrants, Norev a concédé à sa CX les deux seules portes avant ouvrantes. La miniature est fidèle mais privée de suspensions (un comble !). Elle sera  proposée en 1983 tractant un hors-bord Cruiser fixé sur remorque Portaflot. En 1998, Norev en proposera une nouvelle version mieux finie, plus conforme aux néo-standards du fabricant.  Toujours en France et en zamac, il y aura aussi Solido avec une superbe CX 2200 vite doublée d’un break, également très réussi. Idem pour le coffret Touring avec une CX remorquant une caravane Sterkeman. Rayon plastique, il y aura Minialuxe pour la berline et Injectacplastic pour le break (pompiers, police, ambulance) à une échelle supérieure. En Espagne, c’est une CX Pallas que Dinky-Toys passé sous pavillon ibère, proposera avant d’en passer le relais à Auto-Pilen. Cause à effet ?: les fabricants Joal et Mira mettront une CX à leur catalogue, parfois bardées de stickers et souvent dotées d’une remorque chargée de motos.

Pour notre petit hommage au Jacky Pic de Camping, la CX rouge est donc une Norev Jet-Car et la caravane une Europa Caravelle de chez Matchbox King-Size, en plastique et métal. Elle était vendue seule ou en coffret, tractée par une Jaguar XJ-12, un break Volvo 245 ou une Dodge Monaco Station Wagon.

Rover 2000 TC. Corgi-Toys. 1971. No. 281

C’est en 1964 qu’un aréopage de journalistes auto européens décerna pour la première fois un nouveau trophée couronnant une voiture de série innovante commercialisée sur le marché européen. Trophée dont les constructeurs se disputeront ensuite la primeur. En 1964, donc, le titre de Voiture de l’Année/Car of the Year sera attribué à la Rover P6 2000. Une berline anglaise qui coiffa là au poteau l’énorme Mercedes-Benz 600 et la petite et sympathique Hillman IMP. Comparée à la Citroën DS en matière d’innovations techniques, la Rover était plus rapide que la fusée de Javel -elle tapait le 160km-, elle avait dix ans d’avance sur les autres, mais elle coûtait 50% plus cher que ses concurrentes. En tête, la Triumph 2000 dessinée par Michelotti, sa rivale avérée. Superbement dessinée par David Bache, père des Rover 75 et P5 et plus tard du Range Rover, la P6 dépote et caracole en tête des berlines 2litres européennes. Sur le terrain, elle remplace l’imposante P5, superbe vaisseau profilé coupé malgré ses quatre portes conventionnelles. Présentée en 1963, la Rover sera produite jusqu’en 1977 à plus de 325.000 exemplaires dans l’usine de Solihull, mais aussi en Afrique-du-Sud et en Nouvelle-Zélande. Première berline anglaise moderne, sa conception avait tourné autour d’une turbine à gaz, d’où la forme de son capot. Au fil des ans, s’y nicheront des moteurs de plus en plus puissants, jusqu’au 3500 V8, fourni par GM/Buick, le même qui équipera le Range Rover. Rover ne déclinera pas la P6 en autres typologies que la berline. Pas de coupé, pas de break. Juste un concept de coupé fastback carrossé par Zagato en 1967, projet malhabile issu d’une hybridation entre le fameux coupé Lancia Fulvia Zagato et une Marcos Mantis. Et aussi une proposition de break carrossé par Panelcraft, baptisé Estoura et dont l’arrière ressemblait fort à celui du break Simca 1500/1501. Hors-civil, la P6 sera la voiture préférée des forces de police. Au cinéma, elle a roulé dans un tas de films. On l’a vue aussi dans la récente série télé australienne Jack Irish, avec Guy Pearce. Et aussi conduite par Alec Guinness, alias Smiley, dans l’adaptation BBC de La Taupe de John le Carré, en 1979. C’est une Rover 2000 TC blanche que Claude Brasseur conduit dans une scène de Un éléphant ça trompe énormément quand, en compagnie de Bedos et Lanoux, hilares, il vient arracher Rochefort à sa soirée d’anniversaire chez marraine pour qu’il puisse rejoindre Anny Duperey aux Champs-Élysées. Sans le vouloir, la P6 laissera son empreinte dans le paysage design avec la récupération façon ready-mades de ses sièges avant en cuir par le designer Ron Arad pour en produire les icôniques Rover Chairs, auto-édités en 1981 et dont la cote flirte aujourd’hui avec les 12.000£. la pièce.

Chapitre 1/43ème, par tradition purement chauviniste, la reproduction des Rover resta farouchement ancrée dans les traditions anglaises : à Dinky la Rover 75, à Corgi la 90 et à Spot-On la P5. Avec phares  et feux arrière« éclairants », please. Sans compter les Land Rover. Snobisme ?, politesse ?: seul Corgi prendra en charge la P6 2000 dès 1963 avec une réalisation soignée au 1/43ème et un gadget lumineux : les quatre phares s’éclairaient grâce au système Trans O Lite. Maintenue au catalogue jusqu’en 1966, cette première version avait été doublée en 1965 d’une 2000 Rallye Monte-Carlo bicolore et dotée de phares diamantés (no. 322). La Monte-Carlo sera retirée du catalogue en 1967 non sans figurer dans le gift-set 52ème Rallye Monte-Carlo avec la Mini-Cooper et la DS 19. Exit la 2000, place à la 2000 TC : en 1968, Corgi collait à l’actualité avec une nouvelle P6 au goût du jour : roues amovibles Gold Jacks, toit transparent jaune et coffre à roue de secours en plastique noir fixé sur le coffre. Comme la vraie. Corgi remaniera une ultime version en 1971 avec la 2000 TC montée sur roues Whizzwheels, carrosserie violette, calandre noir mat, toit transparent en vitrage ambré. Retirée deux ans plus tard du catalogue, c’est la Rover Corgi la plus rare et la plus recherchée. Ailleurs dans le monde, la P6 intéressa peu de fabricants de jouets. À Hong-Kong, Empire avait recyclé en plastique le moule de Corgi tandis que Telsada et Laurie Toys produisaient des P6 à plus grande(s) échelle(s).

 Mercedes-Benz 280 GE “Paris-Dakar 1983”.  Norev. 1993. No. 142.

Créé en 1978 par Thierry Sabine, célèbre pilote et déjà inventeur de l’Enduro du Touquet (moto), le Paris-Dakar, aujourd’hui rebaptisé Rallye Dakar, rencontra subito un succès fou, médiatique, sportif et people. Au trio auto-moto-camion des débuts, vinrent s’ajouter d’autres catégories de véhicules comme les quads et les SSX. Au départ de l’épreuve inaugurale, programmé le 26 décembre 1978, place de la Concorde, piaffaient pas moins de 170 équipages. Du jamais vu!. À l’arrivée à Dakar, le 14 janvier 1979, il n’en restait plus que 74. Au guidon de sa Yamaha XT 500, Cyril Neveu remportait le classement général auto/moto/camion tandis qu’Alain Génestier, arrivé 4ème, plaçait son Range Rover en tête. En 1981, année de la première participation du team Jacky Ickx/Claude Brasseur au raid, c’est un autre Range Rover, ici piloté par René Metge, qui raflera le trophée. En 1982, c’est contre toute attente la Renault 20 de Claude Marreau qui remporta le rallye. Mieux préparé, Ickx et Brasseur feront leur come-back en 1983. Exit la CX. Les voici à bord d’un Mercedes-Benz 280 GE. Roi des baroudeurs, tout-terrain viril aussi puissant qu’increvable, le GE est une icône absolue. Initialement conçu pour l’armée ouest-allemande en 1975, passé à la vie civile en 1979, le premier 4×4 jamais construit par Mercedes cible directo la Range Rover et plus encore. Car au gré des ans, le GE ne cessera d’évoluer, restylé jusqu’à atteindre le niveau phase VII en 2018. Ce qui en fait le véhicule industriel les plus « ancien » encore produit aujourd’hui. Privilège partagé avec… la Lada Niva (depuis 1976). C’est un 280 GE déployant 220ch que l’équipage Ickx-Brasseur alignera au départ du Paris-Dakar 83 en même temps que 360 autres participants. Et qu’il mènera à la victoire, laissant la deuxième place à une…Lada Niva !. Le GE de Ickx et Brasseur était un 2-portes -MB proposait quatre typologies de carrosseries dont un « cabriolet »-, sponsorisé, comme la CX de 81, par Texaco Belgique et l’ami belge John Goossens. La victoire en poche, cette même année, Jacky Ickx s’en ira faire 2ème aux 24h du Mans au volant d’une Porsche 956 et Brasseur enchaînera les tournages : La crime, Signes extérieurs de richesse, Souvenirs souvenirs…

Aussi paradoxal que possible, à l’inverse du Rallye de Monte-Carlo, des 24h du Mans et autres grands rallyes africains, et bien que surmédiatisé, le Paris-Dakar inspirera peu les fabricants de miniatures. Pourtant, la matière première était là. Des Range Rover, il y en avait chez Dinky GB, chez Solido et chez Auto-Pilen. Seul Corgi sortira en 1985 un Range Paris-Dakar VSD 1985. Norev avait sa Renault R20 mais n’en fit rien. En fouillant derrière les dunes, on débusque un Van Chevrolet TV Paris-Dakar usiné par l’Espagnol Guisval, un énorme Toyota Land Cruiser Paris-Dakar radio-guidé en plastique rouge ou bleu produit par Joustra, un set de 4 Mitsubishi Pajero chez le Japonais Tomica, et un Range Rover Sécurité Paris Dakar 1983 chez Matchbox. Rayon kits et maquettes, miser sur Heller avec une Peugeot 205 Turbo et sur Revell avec un Mitsubishi Pajero Evo en easy-kit au 1/32. Catégorie camion, les amateurs purent se consoler avec les Tatra 815 du Tchèque Kaden, reproductions au 1/43ème de ce monstre des sables qui arracha à trois reprises, en 1988, 1998 et 1999, la victoire au Dakar. Grosse pêche aussi chez le Néerlandais Lion Toys avec trois camions DAF du même gabarit. Quant au 4×4 Mercedes 280 GE, il y en avait un au 1/43ème chez l’Allemand Gama-Mini et un au 1/35ème chez Cursor Modelle, autre fabricant teuton qui déclina son GE en versions capotée et camouflage. Sans oublier un GE chez Scalextric, et, quelques echelles plus bas, les GE de chez Siku, Matchbox et Majorette. C’était pas bien compliqué à daktariser quand même. Pour une repro fidèle mais (trop) tardive du GE de Ickx et Brasseur, il aura fallu patienter jusqu’en 1993 avec le Norev inclus dans la série Paris-Dakar.