PAS DE MUGUET POUR LE PREMIER MAI

Les autorités autoritaires l’ont dit et décrété : pas de muguet cette année !. Pour l’effet clochettes on se brossera. Au grand dam des maraîchers et des vendeurs à la sauvette, la tradition du brin de Convallaria Majalis, nom botanique du Muguet de Mai, passera par le drive et peut-être les boulangeries-pâtisseries qui pourront raviver la tradition sucrée du pot-de-muguet gâteau-choco avec brin en sucre filé. Autrefois, jadis et onc, le muguet était offert à la Renaissance pour chasser la malédiction de l’hiver -ça tombe à pic !-, et derechef porter bonheur. Ce seront les couturiers parisiens qui, le 1er mai 1900, trousseront la nouvelle tradition de ce geste fleuri. Quant à unir travail et muguet, il faut s’arrêter en 1941 quand, érigée en Fête du Travail et de la Concorde sociale (!), le régime pétainiste supplantera l’églantine rouge, trop coco, par le blanc muguet. Le pli sera pris et rien ne viendra plus changer cette ordonnance…Sauf Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, en 2020.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la presse sentimentale française était trustée par le magazine Confidences, vite challengé par Nous Deux, lancé le 14 mai 1947 par l’éditeur Cino Del Duca. Également producteur de cinéma –Touchez-pas au grisbi avec Gabin ou Accatone de Pasolini-, surnomme « le Napoléon de la presse du cœur », Del Duca était en effet le roi des périodiques sentimentaux populaires féminins. Annoncé comme « le plus fort tirage de la presse familiale », Nous Deux tirera jusqu’à 1,5 million d’exemplaires par semaine avec son roman-photo en noir/blanc pour midinettes où de nombreuses futures de cinéma firent leur débuts, mais ne passera jamais à côté du muguet du 1er Mai. Avec pour base-line l’hebdo qui porte bonheur, Nous Deux existe toujours et se porte comme un charme.

De gauche à droite

Austin Se7en Mini. Corgi Toys-1961. No. 225

Jumelle de la Morris Mini Minor lancée conjointement en 1959 par le groupe BMC, l’Austin Se7en Mini conçue par le génial Alec Issigonis changera tant de fois de nom de famille qu’on ne retiendra plus que son surnom -Mini-, devenu une marque à part entière. Rien ou si peu ne différenciait à l’époque la Mini d’Austin de celle de Morris, si ce n’est quelques détails cosmétiques -calandre, enjoliveurs et insignes-, vite mutualisés dès 1961 sous un même nom générique, Mini, officiellement adopté après que la Reine-Mère qui l’avait essayée dans les allées de Windsor en sortit enchantée. Puce des villes et bombinette des rallyes, la Mini qui devait remplacer la bonne vieille Morris Minor à tête de crapaud, produite jusqu’en 1971, en imitera les effets de robe avec la version Clubman ou break à montants bois qui plaisaient tant au public féminin. 

Rayon Mini/atures, Spot-On choisira de reproduire sur le champ l’Austin Mini Se7en, et Dinky, en 1961, la doublette Mini Austin+Morris en version breaks « bois » Countryman. Pour sa part, Corgi Toys lancera sa Morris Mini Minor en 1960 (no. 229) qui roulera jusqu’en 1971 sous toutes les versions possibles. Plus courte sera la carrière de l’Austin Se7en Mini, mise au catalogue en 1961 et retirée en 1967. Facile de la différencier au premier coup d’œil, Corgi ayant choisi de l’habiller d’une seule couleur : rouge.

Volkswagen 1200. Dinky Toys GB-1956. No. 181

La voiture du peuple voulue par Hitler et conçue par Ferdinand Porsche connaîtra une carrière mondiale phénoménale et paradoxale, eu égard à sa génèse et ses origines. Prête en 1938, la VW n’entrera en production que dix ans plus tard et s’attaquera au marché US dès 1949 pour rafler ses galons de world car. Le bourdonnement de son moteur si caractéristique lui vaudra d’être surnommée « scarabée » (Käfer en Allemagne, Beetle aux USA) ou « Coccinelle » en France et en Italie, avec un million d’exemplaires vendus en 1955, cinq millions en 1962, jusqu’au score final de 21,5 millions lorsque l’ultime Cox tombera en 2003 des ultimes chaînes au Mexique. Lunette arrière « split-window » ou ovale : les premiers modèles de la VW, alors et pour longtemps mono-produit d’une marque-nom, étaient des types 11A, puis 1200 de 1953. Rivale de la 4CV Renault, la VW sera reproduite au 1/43ème en RFA par Märklin, puis au Danemark par Tekno (avec vitrage !) et en France, en 1953, par CIJ, égayée d’une belle gamme de couleurs. Sans doute vexé, Dinky France laissera Dinky GB se charger du dossier. Sortie en 1956 avec cinq couleurs vives au choix, des roues bleues ou vertes et pneus noirs, la première Cox de chez Dinky -il y en aura une autre, modèle 1300 DeLuxe en 1966 avec quatre ouvrants et phares diamantés-, affrontera donc une sévère concurrence européenne sur le tapis du salon.

Opel GT 1900. Dinky Toys – 1969. No. 1421

Profil séduisant, phares escamotables, look de petite américaine à la clé (de contact) : l’Opel GT 1900, lancée en 1969, sera surnommée « la Corvette européenne », et, plus méchamment, au regard de ses performances, « la Corvette du pauvre ». Première sportive du Blitz allemand depuis des foudres, la GT 1900 n’en était pas une sur la route, mais pour emballer Gaby, elle était parfaite et venait jouer dans les roues de la Matra M530. Embrayant en même temps que Solido, Norev, Gama et Schuco sur le circuit du 1/43ème,  Dinky Toys hissa sa 1900 en couverture de son catalogue 1969 (en même temps que le nouveau grand coupé T-Bird). Sauf qu’elle y était jaune alors que l’unique couleur choisie sera un beau bleu, contredit par le rouge de la boîte !. Vendue en étui carton contenant aussi un dépliant de la Sécurité routière et un panneau de signalisation, dotée d’ouvrants et d’un élégant porte-bagages en plastique chromé, l’Opel GT 1900 made-in-Bobigny fut le premier modèle à être équipé de roues rapides Speedwheels. En revanche et c’est dommage, les phares escamotables basculants étaient fixes.