
En 1961, la Régie Renault est à la tête d’une gamme vieillissante. La Dauphine et son Ondine sont démodées, la Frégate a été envoyée aux orties et la 4CV réclame une remplaçante. Seule la Floride, joli coupé/cabriolet dessiné par Frua, glamourise un brin une offre quasi caduque. C’est dire si le R4, présentée successivement à Francfort et à Paris, fit respirer Billancourt.
Produite jusqu’en 1992 en France, en 1994 en Espagne et en 1995 au Maroc, la Quatrelle fut vendue à plus de huit millions d’exemplaires. Première traction-avant du Losange, initialement baptisée « Domino », à peine plus chère que le Deudeuche, sa rivale, jugée si laide par le réseau qu’on faillit très vite la remplacer, fonctionnelle, utilitaire, on en fit la voiture des villes et la voiture des champs, la voiture des gendarmes et la voiture des postiers, la voiture des artisans et la voitures des hippies. Toute la France roulera en 4L : les Pompidou comme Ric Hochet, et la 4L sera de tous les raids et rallyes, de Monte-Carlo au Paris-Dakar. Si sa version économique R3 fut un flop -seulement 2500 exemplaires vendus, ses versions « luxe » firent les beaux jours de ces dames. En 1963, avec la Parisienne, décor cannage à la Dior ou tartan écossais, Renault frappa un joli coup, piloté en cela par l’agence Publicis et par le magazine Elle qui fit tester la tuture par 6000 lectrices. En tête, la chanteuse Sheila, idole des yéyés avec ses couettes et ses jupes écossaises. Une Parisienne offerte à la p’tite fille de Français moyens : le coup de pub était fumant, sauf que la p’tite fille l’était vraiment, alors seulement âgée de 17 ans. Et donc, pas de permis !. Sheila le passera un an plus tard, en 1964, à bord d’une 4L de l’auto-école Noulin-Jean. Sa Parisienne, couleur noir Médicis et tartan vert (ou bleu ?) et son papier rose feront le bonheur des gazettes, à commencer par Le Journal de Sheila. Une fois sa Parisienne immatriculée 13 QN 75, rôdée et amortie, la chanteuse passera aux choses sérieuses avec une Ford Mustang coupé de 67 puis une Toyota 2000 GT. Entre temps, Renault avait stoppé en 1968 la production de la Parisienne. Donnée à sa mère, celle de Sheila sera remisée et oubliée, mais jamais bazardée. Ses fans rêvent d’une sortie de grange et d’une restauration au petit poil. À l’époque un seul fabricant de jouets reproduisit la 4L Parisienne : Joustra avec un modèle en tôle et décor cannage au 1/18ème , supra-collector s’il en est !…À la même époque, une autre auto captée par les beaux quartiers londoniens s’habilla aussi d’un cannage chic : la Mini-Cooper, reproduite illico par Corgi-Toys.
En ce qui concerne la résurrection de la 4L, elle résulte d’un travail élaboré selon le concept de la newstalgie, ici convertie à l’électricité. Les choses ont commencé avec le 60ème anniversaire de la Quatrelle, buzzé autour de la 4L Suite no.4 réaménagée en chambre d’hôtel à ciel ouvert par Mathieu Lehanneur, futur designer de la liturgie olympique de Paris 2024, avec notamment l’objet-flamme. Il y eut ensuite la R5 Diamant Rose rhabillée luxe par le designer Pierre Gonalons en juillet 2022, puis la Twingo, placée à son tour sous le signe du retrofit, repensée par la designer néerlandaise Sabine Marcelis. Aux manettes le bureau Design Renault qui livrera ensuite une relecture stylistique du coupé R17. Venu de chez Nissan (USA et Japon), c’est François Farion, chef designer au sein du département Couleurs et Matières, qui pilota ces exercices qui n’avaient rien à voir avec le revival annoncé de la R4 Ever et de R5Prototype alors censés entrer en production tout-électrique entre 2023et 2025. Nous y sommes. Après le lancement de la Renault 5 E-Tech électrique, conçue par le designer Gilles Vidal (ex-Peugeot), c’est au tour de la Renault 4 E-Tech de faire son intéressante. Un évènement qu’il convient de saluer comme le come-back d’une star mise au rebut et ressuscitée façon Substance, le film avec Demi Moore. Basée sur le concept 4-Ever Trophy la néo-4L doit son design à Stefano Bolis qui a métabolisé les arcanes stylistiques de la 4L patrimoniale pour en tirer un véhicule rétro-futuriste classé cross-over et déjà qualifié de baroudeur. Truffée de e-gadgets dont l’avatar de co-pilotage Reno, l’intérieur et les entrailles de la machine n’ont plus rien en commun avec la 4L de Billancourt ou de Flins, même si sa production s’avère 100% française puisqu’assemblée à Maubeuge. Avec ses 600 combinaisons déco-chromatiques et ses sièges habillés de jean’s (il y a aussi un pied-de-poule), son toit rigide ou en toile découvrable, son coffre de 1405 litres, ses roues de 18 pouces, la 4 E-Tech, prononcer « katritèque » affronte déjà quelques rivales du même tonneau comme la nouvelle Fiat Grande Panda ou la Hyundai Inster Cross. Vivra-t’elle à son tour un quart de siècle ????
De gauche à droite, rang du fond
RENAULT R4F6 FOURGONNETTE « CARAMBAR ». SOLIDO. 1978. No. 42
Catalogue Solido1977 : sur la même page que la R5, la Peugeot 104, l’Alpine A310 et la Fiat X 1/9, figuraient trois références de la nouvelle R4 Fourgonnette F6 en livrées PTT, EDF et Pompiers. Un évènement pour ce fabricant qui, jamais auparavant, avait daigné reproduire un quelconque et vil véhicule utilitaire léger comme une fourgonnette. À de rares exceptions près, Solido avait toujours évité les populaires. Outre le break Ami 6 et la petite NSU Prinz IV, la série 100 des sixties n’était que luxe, course, 24h du Mans et autres GT. Changement de régime au début des années 1970 avec l’apparition de la R5 et de la Peugeot 104 sus-citées, mais aussi du break R12, des Ford Fiesta et Escort II, de la VW Golf et des Citroën LNA et 2CV6. C’est dans ce registre que la R4F6, une 6cv !, fit son apparition en 1976, adoptant la nouvelle calandre rectangulaire en plastique noir. Support publicitaire, promotionnel et serviciel par essence, la miniature, fort réussie sera mise à toutes les sauces jusqu’à entrer en politique avec les fameuses versions collées aux élections présidentielles de 1981, roulant aux couleurs de Giscard, Mitterand, Chirac, Georges Marchais et même Coluche !. Il y aura aussi les coffrets ADP ou Europ Assitance et encore des versions Gaz de France, Gaz Secours, France Telecom, puis Hertz, Kronenbourg, Lustucru, Michelin et plus simplement Solido. Quant à la version Carambar, elle était évidemment promotionnelle, vouée à la goinfrerie officielle de ces friandises collant aux dents et enrobées de « blagues tordantes ». Au fil des années 1980, les roues changeront et aussi les pare-chocs, en plastique blanc. Sur le terrain la fourgonnette F6 de Solido bataillera avec celle de Norev Jet-Car pour tenir son rang…
RENAULT CONCEPT 4EVER TROPHY E-TECH. 2022. NOREV. No. 517965
La comparaison avec la 4L originelle est sans nuances : la relecture newstalgique de la voiture préférée des français dont même le dessinateur Wolinski fit la pub, évoque sans ambages la fable de la grenouille et du bœuf. Rien de nouveau : l’inflation a déjà touché les Fiat 500 et 600, la Mini Countryman, les Ford Mustang et Bronco. Longue de 4,14m, dotée de 5 portes et 6 vitres, arborant une calandre lumineuse évoquant celle des ultimes séries et un logo 4 identifiable entre mille, le concept 4Ever, annonciateur de la nouvelle 4 E-Tech fut dévoilé au Mondial de Paris en 2022, aussitôt reproduit par Norev et diffusé dans les concessions Renault et sur le site theoriginals-store.renault.com.
Proposée en deux coloris sans aucun ouvrant, la miniature fait son petit effet. Dérivée, la nouvelle 4 E-Tech 100% Electrique, roule aussi chez Norev au 1/43ème et au 1/18ème en deux versions : toit rigide ou découvrable ouvert et dans le même teintier (on ne dit plus nuancier chez Renault) que la vraie : blanc glacier, vert Hauts-de-France, brun terracotta, gris urbain, bleu nuage, noir étoile…Enfin, pour qui brûle de démarrer une collection analytique de la 4L miniature à toutes les échelles, prière de se procurer l’ouvrage de Serge Defradat, Renault 4, un fabuleux destin, publié aux éditions Du May en 2011. Pour les quatorze années manquantes jusqu’à aujourd’hui, débrouillez-vous !. La roue de secours est dans le coffre, sous le plancher mobile…
RENAULT R4 FOURGONNETTE “AMORA”. NOREV. 1964. No. 65
Pour Renault, la sortie de la 4L fut une aubaine, même si le réseau commercial rechignait à vendre « cette mocheté ». Profitant de la versatilité avérée de sa traction-avant à 6 vitres, la Régie développera fissa une version fourgonnette tôlée ou vitrée, voire surélevée. Il était urgent de réformer la vétuste Dauphinoise extrapolée de la Juvaquatre d’avant-guerre et aussi de croiser le fer avec Citroën et sa fourgonnette 2 cv AZU. Plus moderne, plus pratique, la 4L fourgonnette disposait en outre d’une sacrée astuce avec son coffre ouvrant supérieur appelé girafon et dont l’imagerie publicitaire se gargarisera à l’envi pour vanter une voiture à tout faire. Avec pour seuls changements sa calandre, la 4L fourgonnette de 4cv connaîtra une longue vie, produite jusqu’en 1988, parallèle à celle de sa nouvelle sœur, la fourgonnette F6, plus longue et plus puissante (6cv) et qui sera ensuite remplacée par la fourgonnette Express, sur base R5. Mouais…
Vitrage. Aménagement intérieur. Phares jaunes. Pneus à flancs blancs. Calandre et pare-chocs chromés : en 1963, pour le lancement de sa 4L, Norev avait mis le paquet. Non seulement il s’agissait pour le fabricant de sa première Renault moderne après la 4CV, la Dauphine, la Frégate et la Floride, mais aussi d’un des tous premiers modèles dotés d’un ouvrant. En l’occurrence, le hayon arrière. En réalité, la 4L de Norev (no.53) n’était jolie vue de dos, car son avant était totalement raté. Bouffi, quasi difforme, avec une calandre mal dessinée, un capot grossier et un toit bombé. La miniature donnait l’impression d’avoir été démoulée trop vite. À la même époque, chez Norev, la nouvelle 2CV Azam 61 et la Peugeot 404 souffraient des mêmes tares. Ce qui n’empêchera pas Norev d’éterniser la carrière de sa 4L sans procéder au moindre changement de moule touchant à la calandre au gré des modifications esthétiques apportées par Renault. Ah si, il y eut une version des débuts avec la calandre moulée de la même couleur que la carrosserie. Fut-ce un essai de R3 avorté ou déjà une volonté d’économies ?. Pour une Quatrelle en plastique réussie au 1/43ème, il importera alors de partir en Espagne et d’y quérir céans une Chiqui-Car Nacoral, avec portes avant ouvrantes, phares diamants, aujourd’hui collector recherché. En fait, Norev doubla la mise cette même année 1963 avec la 4L Fourgonnette, alors unique fabricant de l’époque à la reproduire au 1/43ème. Et avec un luxe inédit : portes ouvrantes vitrées avec encadrements, porte arrière ouvrante avec vitrage et panneaux publicitaires à gogo -Thermor, Amora, Locatel, Kodak, Calor, Cibié, Ancel…. De surcroit, on ne sait par quel miracle, mais la proue de la 4L Fourgonnette était plus réussie que celle de la berline. À l’instar de cette dernière, Norev fera durer sa fourgonnette plus d’un quart de siècle au catalogue. Certes, la bestiole perdra en chemin ses jolies roues, ses encadrements de portes, ses vitres et même sa qualité de plastique. Lorsque Renault dédoubla en 1975 sa fourgonnette R4F4 avec la version F6, Norev en profita enfin pour modifier la face avant du véhicule, doté de la nouvelle calandre rectangulaire en plastique noir de 1974. Le gabarit de charge, plus long, fut aussi redessiné. Sans sacrifier aux besoins publicitaires (Balhsen, Casino, Panzani, Nestlé, Findus, Yoplait, Maggi, Gervais, Cadum…) . Pour les modèles serviciels – gendarmerie, pompiers, PTT, France Telecom, il faudra attendre 1982. Tandis que la valeureuse F4 faisait de la résistance en Plastigam, la nouvelle F6 était réservée à la ligne Jet-Car, capable de rivaliser avec celle de Solido. Dix ans plus tard, sortaient des flopées de modèles pubs -Haribo, Coca Cola, Culligan, LU…Sinon, d’autres fourgonnettes 4L en plastique furent usinées sous la marque Sésame, avec la seconde calandre de 1968. Moteur à friction et décor en tôle PTT, Pompiers, Hoover, Maison Phenix…
De gauche à droite, rang de devant
RENAULT R4. DINKY-TOYS. 1962. No. 518
« Sortie le même jour que la vraie ! ». Pour Dinky, le slogan valait pour entrée en bourse. Après la Dauphine et la Floride, la 4L représentait un sacré pari pour Bobigny, soucieuse de ne pas désespérer Billancourt. En effet, après des années d’exclusivité donnée à CIJ, la Régie, fâchée du ratage de la Dauphine, avait rompu les accords historiques ayant donné naissance aux Jouets Renault. En ce début d’années 1960, CIJ entamait hélas sa sortie de route. Quiralu et JRD quasi disparus ou exsangues, sa nouvelle marque, CIJ-Europarc, préférait consacrer ses ultimes ressources à mouler une Simca 1000, une Ami 6 ou une Facel-Vega Facellia totalement inédite. Dinky avait donc le champ libre. Et sa 4L fut une véritable réussite. Robes bleu clair ou marron brique, vitrage, aménagement intérieur, suspensions : la miniature était impec’. Et sera vite proposée en version Junior, plus sommaire. Et aussi en Espagne, en 1966 sous la marque Poch. Suivront la 4L orange Autoroutes (no.518A) rangée dans la catégorie « utilitaires », avec socle en plastique noir moulé et antenne du même acabit sur le toit. Puis il y aura en 1975, non sans un retard à l’allumage, la 4L de 1968 avec sa nouvelle face chromée réunissant phares et calandre (no. 518) sous marque Dinky-Espagne avec jantes alu et pneus Dunlop, ensuite récupérée par Auto-Pilen qui en changera les roues et la couleur, passant du bleu ciel au bleu roi. Fin du film.
RENAULT R4 SINPAR 4×4 TANGUY & LAVERDURE Dinky-Toys. 1968. No. 1406
Ce fut l’une des séries télé qui fit les beaux jours de l’ORTF. Ce fut la série télé la plus suivie du jeune public, et surtout ce fut la seule vraie réussite d’une adaptation de bande-dessinée au format images-qui-bougent. Lorsque les premiers épisodes des Chevaliers du Ciel furent diffusés à partir du 16 septembre 1967 sur la 1ère chaîne, les aventures de Tanguy et Laverdure, fameux duo de pilotes de chasse avaient déjà galvanisé les lecteurs de la bande-dessinée publiée depuis 1959. Créé par Jean-Michel Charlier -au scénario- et Albert Uderzo -au dessin, Les aventures de Tanguy et Laverdure ambitionnait dès leur première apparition dans les pages de Pilote, de concurrencer Buck Danny qui faisait les belles heures combattives dans Spirou. Et qui était scénarisé par Charlier Jean-Michel !.Un tabac. Très vite, ces nouveaux héros des airs militaires passeront à l’album : publié en 1961, L’école des Aigles verra ses ventes décoller à la verticale. Ceux qui suivront, de Pour l’honneur des cocardes à L’escadrille des cigognes via Mirage sur l’Orient suivront la même trajectoire. La bédé tient là son premier succès réaliste et contemporain. De fait, Les aventures de Tanguy et Laverdure marquera le passage vers la bédé adulte sans jamais perdre le jeune lecteur en route. Haute-figure de la bédé belge, Charlier (1924-1989), c’est à lui tout seul Les belles histoires de l’oncle Paul, La patrouille des castors, Barbe-Rouge, Jim Cutlass et Blueberry. Uderzo, merci, on connaît par cœur.
Quand, au mitan des sixties, la télé française commença à s’intéresser aux Aventures de Tanguy et Laverdure, la bédé alignait une demi-douzaine d’albums au compteur. Entrée en production en 1966, la série changea de titre au passage pour devenir Les chevaliers du ciel et fera des acteurs
Jacques Santi et Christian Marin des vedettes. Tournée en 1966 en noir/blanc avec le concours de l’Armée de l’air sur la base aérienne 102 de Dijon, la première saison des Chevaliers du ciel sera enquillée par une seconde saison, nettement plus exotique en matière d’intrigues et lieux de tournage, puisque tournée en couleurs jusqu’à Tahiti. Après une troisième saison qui tiendra les téléspectateurs en haleine jusqu’à mars 1970, le projet d’une quatrième saison sera annulé en raison de l’accident de voiture d’où Jacques Santi sortira défiguré.
Sur le terrain, la popularité de la série télé fut telle que les visages des deux acteurs qui figureront désormais sur les couvertures des albums, de
1967 jusqu’en 1971. Dans la série télé, Laverdure conduisait une torpédo customisée sur la base d’une Renault 4L. Le véhicule n’avait rien d’un bricolage de fantaisiste. Depuis des années, la firme Sinpar adaptait sur la base de fourgonnettes 4L et de fourgon Galion et Goëlette des véhicules 4×4 destinés aux armées. Dinky-Toys a déjà reproduit un de ces fourgons, référencé comme Renault Carrier ambulance militaire. Le succès de la série télé fut tel que Dinky s’intéressa à la 4L de Laverdure. Un évènement, car la firme de Bobigny, à l’inverse de son alter-ego anglais et aussi de Corgi-Toys, boudait ostensiblement toutes les miniatures issues des films, feuilletons, séries TV et dessins animés. Radinisme -il faut s’acquitter des copyrights- ou jansénisme du moule ?: cette fois-ci, Dinky France eut les coudées franches. Et lancera en 1968, dument labélisée © Dargaud SA Paris, la Renault 4 Sinpar 4×4 dite « voiture de Michel Tanguy ». Ce qui était faux et encore moins fair-play , puisque la dite 4L était « la » voiture de Laverdure. Mais Laverdure, alias Christian Marin, n’était pas aussi sexy que Jacques Santi et ça devait gêner Meccano et Dargaud.
Présentée dans un beau coffret, l’ensemble comportait un diorama richement illustré, une miniature ultra-réaliste avec ses peintures de guerre, sa tête d’obus fichée dans la calandre, sa caméra plantée sur le capot, son antenne en forme de trombone tordu, son pare-brise rabattable et ses deux figurines Tanguy+Laverdure en mode je-cours-à-côté-de-mes-pneus. Vendue à l’époque 11 francs, ce qui était cher, la 4L de Michel Tanguy fut un flop commercial, exactement comme, cette même année 1968, à l’échelle 1, le cabriolet 4L Plein Ciel fourbi par Sinpar et qui se vendra péniblement à quelques 600 exemplaires avant d’être retiré du catalogue en 1970 et remplacé par la Rodéo. Chez Dinky, on amortira le moule avec une autre 4L Sinpar 4×4 (no. 815) cette fois-ci stricto militaro-gendarmerie kaki, avec capote en plastique, antenne en queue de rat, pare-brise rabattable et deux figurines assises à bord, totalement anonymes. Sur cette base, un tas de 4L furent (mal) déguisées en Tanguy et Laverdure pour être fourguées sur e-Bay avec coffret repro à la clé. Cotée aux alentours de 300 euros, la 4L des Chevaliers du Ciel, rarement complète, suscite évidemment des vocations de faussaire…
RENAULT 4 « ELF ». TOMICA-DANDY. 1980. No F/15
Quant à l’avant-dernière génération de 4L avec calandre rectangulaire en plastique noir apparue en 1974, une seule marque se chargea de l’appliquer : la Japonaise Tomica Dandy. Marque développée par la puissante firme de jouets Tomy Toy, nom donné en 1953 à la vénérable fabrique Tomiyama fondée en 1928, Tomica-Dandy se spécialisa à la fin des années 1970 dans la production au 1/43ème (et aussi au 1/45ème) d’autos miniature en zamac, histoire de damer le pion à son rival Yonezawa et ses Diapet au 1/42ème. Plus sophistiquées, de meilleure qualité, plus originales, les Tomica-Dandy se distinguèrent avec une vaste collection de modèles étrangers comme les Fiat X 1/9 Dallara et 131 Abarth, la Maserati Bora, la Lotus Europa JPS, toute une série de Mini-Cooper rutilantes, de VW Cox dont les Rolls et Fordwagen, et de Kombi-Bulli, et contre toute attente des françaises populaires aux accents béret-baguette. Ainsi du fourgon Citroën H et de la R4 de 1974. Une référence proposée en robe blanche « civile » ou bicolore blanc/bleu aux couleurs d’Air France-Aéroport de Paris et de ELF/Ligier Gitanes. Nonobstant des roues trop épaisses, ces 4L du Soleil Levant étaient parfaites avec capot, hayon et portes avant ouvrantes, détails soignés et privilège d’être uniques en leur temps sur le marché. Malgré le succès de sa production, Tomica-Dandy freina son 1/43ème en 1994 pour se consacrer à des échelles moindres fabriquées à Taiwan ou en Chine, mettant les bâtons dans les roues de Hot Wheels. Une fourgonnette R4 figure à cette échelle, aux couleurs de La Fruiterie….