ITALDESIGN : DE L’ALFA À L’OMEGA

 
Italdesign. Pour les fous de design automobile, le nom est hissé aussi haut que ceux de Pininfarina, Bertone ou Ghia. Un nom qui se confond avec celui de son fondateur, Giorgetto Giugiaro, véritable génie du genre, talent précoce repéré, encore étudiant à l’âge de 17 ans, par Dante Giacosa, le grand manitou de Fiat.

Né en 1938, voici le jeune Giugiaro embauché en 1955 comme apprenti au centre de style Fiat à Turin. Quatre ans plus tard, il entre chez Bertone, remplaçant Franco Scaglione. Il a tout juste 21 ans et signe là un coupé GT pour le constructeur anglais Gordon-Keeble. Présentée en 1960, cette auto de luxe sera produite à 99 exemplaires. Jusqu’en 1965, Giugiaro dessinera chez Bertone une noria de modèles devenus cultes : Alfa-Romeo 2000 et 2600 Sprint, Maserati 5000 GT, Iso Rivolta 330 et Iso Grifo, Bizzarini 5300 GT, mais aussi quelques voitures « populaires » passées à la légende. Ainsi du coupé Simca 1000, de la Mazda Luce ou du Spider Fiat 850. La suite se fera chez Ghia entre 1966 et 1968 où il dessinera l’Isuzu 117, le coupé Fiat Dino, la Maserati Ghibli et la DeTomaso Mangusta. Las, nouveau propriétaire de Ghia qu’il a racheté en 1967, Alejandro DeTomaso se mêle de tout et exaspère Giugiaro qui claque la porte et en profite pour fonder en 1968 avec Aldo Mantovani une première société de dessins, conceptions et essais de voiture qui deviendra très vite Italdesign. Basé à Moncalieri dans le Piémont, la firme démarre sur les chapeaux de roues. Le renom de Giugiaro est déjà au pinacle. Ses compétences aussi. Le facteur de lancement sera l’Alfa Romeo Alfasud, lancée en 1971. Volkswagen le sollicite. Il en sortira la Golf, la Scirocco, la Passat et encore l’Audi 80…Fiat aussi pour la Uno, la Panda, la Punto, la Croma. Lancia Delta, Alfa Romeo 156 et Brera, Hyundai Pony, Daewoo Matiz, FSO Polonez, Isuzu Piazza, Seat Ibiza, Malaga et Toledo, Renault 19 et 21, bref, plus de 250 modèles de série, et presqu’autant sur le mode show-car et protos avec, à l’opposé du spectre, De Lorean, Ferrari, Lamborghini, Lotus. Italdesign développera en parallèle une activité prolifique de design industriel avec le studio de création Giugiaro Design où les clients se bousculent : Nikon, Apple, Luxottica, Seiko, Siemens, Swatch, Piaggio, Alstom, Ducati ou Faema. Italdesign se fera aussi constructeur de ses propres voitures, des supercars comme la Zero Uno présentée en 2017 ou la Da Vinci, dévoilée deux ans plus tard. Entretemps, le groupe VAG est entré, via Lamborghini, à 90,1% dans la société, devenue un prestataire mondial. Nous sommes en 2010. Cinq ans plus tard, Giorgetto Giugiaro et son fils Fabrizio, lui aussi designer, quitteront Italdesign en vendant les 9,99% des parts restantes à Audi AG. Père et fils formeront derechef une nouvelle société sise à deux pas du siège d’Italdesign : GFG -pour raisons contractuelles, le nom de Giugiaro ne peut plus apparaître. Avec une cinquantaine d’employés, GFG touche aux voitures -Kangaroo, Peralta S, et au transport ferroviaire. Devenu consultant de luxe, Giorgetto Giugiaro s’est remis à la peinture…

Aujourd’hui, Italdesign est en vente. VAG va mal, Audi cherche des sous. À Moncalieri, depuis mai dernier, les 1300 employés retiennent leur souffle. Les boulets de Wolfsburg se font menaçants. On parle de reprise par un géant de l’engineering. Sans lâcher aucun nom. On mise sur de longs mois de tractations syndicalo-financières. Le feuilleton est aujourd’hui à ses prémices…

En 2002, Giorgetti Giugiaro est toujours aux commandes d’Italdesign avec son fils. Le studio Giugiaro Design croule sous les commandes. L’une d’elles émane du fabricant italien de voitures miniatures BBurago, leader en son secteur. BBurago est un héritier direct de Mebetoys, firme fondée aux portes de Milan en 1966 par trois frères, Mario, Ugo et Martino Besana, et qui entrera, par sa qualité, en concurrence directe avec Politoys/Polistil et avec Mercury. Son rachat en 1973 par Mattel forcera Mario Besana à s’en aller fonder une nouvelle marque, Martoys dont l’usine est située à BBurago di Molgora, bourgade proche de Monza. L’échelle choisie est le 1/24ème mais Besana juge le nom de Martoys peu accrocheur et rebaptise la firme en 1974 BBurago, avec un double B. Au 1/24ème, Besana ajoutera le 1/43ème mais optera pour une distribution commerciale élargie aux supermarchés, aux stations-service des autoroutes, aux chaînes de jouets franchisés. Une fois son rival Polistil avalé en 1994, BBurago restera l’unique acteur italien de la miniature automobile même si la perte de la licence Ferrari au profit de Mattel lui a porté un sale coup. L’idée de Burago est fort ingénieuse : plutôt que de reproduire une fois de plus une auto déjà en circulation, l’industriel a imaginé se rapprocher du plus illustre des designers italiens pour un projet inédit, jamais vu sur le champ de la miniature auto : créer une voiture de rêve inexistante à l’échelle 1/18 ème, puis au 1/43ème, et vendue dans le commerce à vil prix. Réalisée par Giugiaro Design, la Prima, sera présentée en juin 2002 à Milan avec dans l’idée d’une collection suivie élaborée sur le même principe au rythme de deux nouveaux modèles par an. Collection de jouets qui finira rapido sur les jantes, pour cause d’insuccès commercial. Aujourd’hui, la Prima de Giugiaro/BBurago au 1/18 s’échange sur e-Bay entre 15 et 225 euros (version kit).

De gauche à droite

MASERATI GHIBLI GHIA. NOREV JET-CAR. No. 820

Au mitan des années 1960, Maserati, fondé à Bologne en 1914 par Alfiero Maserati et ses trois frères est encore une nouvelle venue sur le grand-tourisme : sa première GT, la 3500 remonte à seulement 1957. Auparavant, le Trident s’est surtout illustré sur les circuits, sa renommée hissée haut par Fangio. Déménagée à Modène en 1940, la firme a aussi sorti en 1963, sa première Quattroporte dessinée par Pietro Frua, puissante limousine de grand luxe, bientôt rivale de la majestueuse Mercedes-Benz 600 et dont on retrouvera la ligne et le style appliqué au fameux coupé 2600 V8 de la marque allemande Glas (rachetée par BMW) et derechef surnommé « Glaserati ». En 1966, Maserati dévoile un nouveau coupé griffé Ghia et dont le profil ravageur est dessiné par Giorgetto Giugiaro. Arrivé de chez Bertone, auréolé du tapage phénoménal provoqué par la Lamborghini Miura, Giugiaro œuvre chez Ghia depuis 1965/66 et la Ghibli y est son premier projet. Longue de 4,70m., nourrie par un V8 (4,7l. puis 4,9l.), moins bestiale que la Miura, simplement élégante, la Ghibli tape les 280km/h et roule dans les jantes de la Ferrari Daytona (qu’elle coiffe au poteau du prix) et des Lamborghini Miura et Islero. Considérée comme l’ultime des vraies GT italiennes, la Ghibli sera produite à 1274 exemplaires dont 125 cabriolets jusqu’en 1973, alors remplacée par la Bora. Entre temps, Maserati est passé sous le contrôle de Citroën  (1968 à 1975) avant de basculer sous la férule du bouillonnant Alejandro De Tomaso. Conduite par Maurice Ronet et Alain Delon dans La piscine en 1968, la Ghibli sera ressuscitée à plusieurs reprises ; une première fois dans les années 1990, une seconde fois en 2014 sous forme d’une 4-portes restée en travers de la gorge des aficionados.

À l’instar de toutes les belles GT italiennes de l’époque, la Ghibli fut reproduite au 1/43ème par plusieurs fabricants italiens (Politoys) et espagnols (Auto-Pilen). Occupé à bichonner sa Maserati Indy, Solido passera son tour, ouvrant la voie à Norev dont l’unique Maserati jamais reproduite était alors la Sport 200 SI de course. Proposée en plastique (no. 170) et en zamac Jet-Car, la Ghibli de Norev était fort réussie, nonobstant un changement de roues rapides guère heureux. Si le capot et les portes s’ouvraient, les phares escamotables étaient en revanche oubliés.  

DeTOMASO MANGUSTA GHIA 5000. CORGI-TOYS. No. 203 et 271

Son but : détrôner Ferrari ! Exactement comme Ferruccio Lamborghini. Si ce dernier venait des tracteurs agricoles qui avaient fait sa fortune, Alejandro De Tomaso, ex-pilote sur Maserati, déboulait en direct de la F1. Fils de bonne famille, cet Italo-argentin exilé politique en Italie s’était installé à Modène en 1959 et avait déjà collaboré avec BRM et Cosworth avant de se lancer sur le champ de la GT. Après une première voiture de sport, la Vallelunga, dessinée par Fissore et produite à 59 exemplaires chez Ghia en 1964, De Tomaso frappa un sacré coup avec la Mangusta, dessinée par Giugiaro et présentée en fanfare en 1967. Griffée elle aussi Ghia (que De Tomaso rachètera en 1967), la Mangusta était équipée d’un moteur Ford V8 de 4,7l. positionné « central-arrière » et montant à 260 km/h. Haute d’à peine plus d’un mètre, la Mangusta dépotait avec son capot-moteur en élytres vitrés et son design musclé, sinon stéroïdé. Produite jusqu’en 1970 à 402 exemplaires dont la moitié fut exportée aux USA, la Mangusta sera remplacée en 1971 par la Pantera dessinée par Tom Tjaarda, Giugiaro ayant fondé cette même année sa propre firme, Italdesign. Quant à Alejandro De Tomaso, son décès survenu en 2003 vint clore une saga mouvementée notamment marquée par les rachats d’Innocenti, de Maserati, de MotoGuzzi, de Benelli et de Ghia qu’il revendra à Ford avant que Ford ne rachète… De Tomaso. Quelques faillites plus tard, la marque roule toujours, pilotée par Apollo Automobile, ex-Gumpert, fondée par l’ancien boss de Audi Sport.

Rayon miniatures, la De Tomaso Mangusta fut un best-seller rameutant quasi tous les piliers du 1/43ème : Solido, Pilen, Dinky GB, jusqu’à des fabricants obscurs de Hong-Kong. Si la Mangusta de Dinky s’avèra ratée, lourdaude et trempée dans une couleur fluo Stabilo, celle usinée par Corgi Toys était un petit bijou. Présentée en coffret-écrin « vitré », sa carrosserie Ghia biton blanc/bleu ciel était séparée du châssis-moteur Ford, histoire de bien montrer d’où sortait la bête (no. 271). Pour constituer le bolide, il suffisait de clipper les deux éléments.  Une seconde version simplifiée suivra, robe monocolore métallisée vert émeraude avec roues rapides Whizzwheels ( no. 203). Il y aura aussi une Mangusta au 1/66 chez Corgi Juniors.

VOLKSWAGEN GOLF 2p. 1975. SOLIDO. No.19

Dès la fin des années 1960, il était devenu urgent pour Volkswagen de sortir de la culture du moteur arrière. Certes la Cox avait fait sa gloire, mais fourgons Bulli et coupés/cabrios Karmann-Ghia mis-à-part, les VW lancées dans ces années 1960 furent des bides esthétiques et commerciaux (évidemment mesurés à l’aune mondiale de la Cox). Ainsi des 1500, 1600, 411, 412 et leurs hideuses Variant. Moteur et traction avant, hayon arrière : la prochaine VW doit définir le futur. Dessinée par Giugiaro qui dans la foulée signera le coupé Scirocco, la petite citadine Polo et la nouvelle berline/break Passat, la Golf métabolise un nouveau marché mondial. Compacte, carrée, une gueule de command-car robuste : son design fera mouche subito. Proposée en 3 et 5 portes, en multiples versions, déclinée en cabriolet (1979) toujours dessiné par Giugiaro et développée en GTI (1975), son grand titre de gloire, la Golf I sera produite entre 1974 et 1983 avec un restylage survenu en 1978. Sagement citadine ou bombinette du macadam, la Golf sera commercialisée aux USA sous le nom de Rabbit. Avec la Passat, la Golf reste la VW des années 70 giugiaresques à connaître un destin dynastique. Savoir qu’elle eut aussi une cousine germaine tricorps avec coffre baptisée Jetta et un pick-up Caddy…

La multiplicité des versions de la Golf I offrira aux fabricants de miniatures l’opportunité de varier les plaisirs. Version 4 portes chez Mebetoys-Mattel et chez Gama, Rallye chez Schuco, version 2-portes chez Norev Jet-Car, en concurrence directe avec celle de Solido. Lequel fut peut-être l’unique marque de petites autos à snober la Cox en son temps. Laissant à Dinky-Espagne/Pilen le soin de reproduire la Scirocco, Solido versera la Golf au répertoire de sa Série J dédiée aux populaires citadines -R5, Peugeot 104 ( 4-portes et coupé), Opel Kadett, Citroën LN…Version de base au menu avec coloris pop -vert pistache, jaune citron,  finitions succinctes : la miniature n’avait rien d’excitant. Elle était même banale. Une exception : celle des Postes Suisses…Suivra, toujours à l’économie une GTI flanquée de décalcos à deux sous et de roues boutons rapides, identiques à celles de la Golf de la sous-collection Cougar. Ce n’est que plus tard que Solido accordera plus de crédit et de soin à la Golf I, puis II, puis cabriolet…

ALFA ROMEO/ITAL DESIGN IGUANA. POLITOYS. No. M14

Concept-car resté unique, l’Iguana fut en 1969 la première Alfa-Romeo dessinée par Giugiaro dans le cadre d’Italdesign, fondé l’année précédente. Élaboré sur la base de l’Alfa 33 Stradale, ce prototype ne connaîtra aucune mise en production de série. Exposé au Sport Car Show de Monza, suscitant là une vive émotion esthétique, sa carrosserie en fibre de verre était nimbée de ce gris métal qu’on retrouvera quelques années plus tard sur la DMC DeLorean, dessinée par…Giugiaro. Il est ici amusant de noter que le fabricant italien Politoys ignora ce gris originel pour peindre son Iguana au 1/43è en orange minium, en blanc ou en vert mouche-à-merde. Idem chez le concurrent Mebetoys qui trempera son Iguana dans des bains de peinture jaune ou bleu métal (série Gran Toros). Autant le savoir : l’iguane n’est pas un caméléon. Autre détail : Politoys zappera complètement la mention Alfa Romeo sur la boite et sur le socle de la miniature pour ne retenir que le nom d’Italdesign. Preuve du succès fou de la firme à l’époque…

BMW M1 Le MANS. 1979. SOLIDO. No. 1329

Dans le courant des années 1970, BMW disposait d’une gamme de coupés sportifs volontiers gonflés pour la compétition à grands coups de turbo. Ainsi de la 2002 et de la 3.0 CSL. À Munich, ça cogitait dru avec la création de la branche BMW Motorsport dans le cadre de laquelle avait été conçue la BMW Turbo « Studie » (E25), dessinée par Paul Bracq, embauché depuis 1970 par BMW en qualité de directeur du design. Cette Studie, produite à deux exemplaires se distinguait par ses portes papillon, son moteur central transversal -celui de la 2002 mofidié, sa carrosserie en fibre de verre, le tout sur un châssis tubulaire Lamborghini. L’impact médiatique fut à la hauteur du choc esthétique lors de sa présentation au Salon de Genève en 1972, jusqu’à être élue « Concept-Car de l’Année » par la Revue Automobile Suisse. Occupé à ses séries 5, 3 et 6, Bracq ne s’occupera pas du projet Motorsport suivant, Giugiaro s’étant vu confier le la réalisation de la nouvelle M1 ( E26) supercar GT produite entre 1976 et 1981 et dont les 455 exemplaires vendus seront considérés par BMW comme un bide. Un bide relatif sans doute imputé à son prix, 113.000 marks. La plus rapide des voitures allemandes était aussi la plus chère. Ce fleuron brandé Motorsport fera fureur sur les circuits -Daytona, Le Mans, Monza, et dans les rallyes à la charnière des années 1979/80. Championnat Procar à la clé, la M1 fera le bonheur des fabricants de jouets et de miniatures, de Mont-Blanc à Marushin, de Gama à Joustra, de Matchbox à BBurago via Top43, Corgi et Polistil (au 1/43 et 1/25è). Chez Solido, les BMW furent toujours traitées en mode majeur : coupé 2000CS, coupé 2002 Turbo, 530 Rallye. Si la Turbo de Bracq réduite au 1/43è occupa Norev Jet-Car en collaboration avec Schuco et aussi plus confidentiellement, le Japonais Marushin, nonobstant une Majorette au 1/66è, la M1 fera donc les affaires de Solido avec deux références distinctes : la #1812 « civile » et la # 1329 Le Mans, Tour de Corse ou Procar, avec planches décalcos afférentes. 

Au fond :

LOTUS ESPRIT 007 JAMES BOND. CORGI. No. 269.

Eleven, Elan, Europa, Eclat, Excel, Elise, Elite, etc… Chez Lotus la culture du E initial remonte à loin sans toutefois concerner les voitures de course et les F1. Fondée en 1952 par Colin Chapman avec les frères Allen, Lotus brilla d’abord sur les circuits et sous les capots de quelques voitures de rallye -Ford Cortina, avant d’aborder dans le flux des sixties la ligne droite des petites GT sportives. Haute figure du sport automobile anglais, Chapman était aussi un gentleman-driver. C’est pour son usage personnel qu’il envisagea au tournant des années 1970 que Lotus mette au point une voiture exclusive dont la conception placée sous matricule interne M70 avançait lentement, trop lentement. Voici le gaillard visitant en 1971 le Salon de Turin et tombant en arrêt, sur le stand Italdesign devant la Maserati Boomerang, un concept-car ravageur dessiné par Giugiaro. Coup de foudre. Chapman resta cloué sur la moquette avant de prendre langue avec Giugiaro qui accepta le défi avec enthousiasme. Une fois envoyé à Modène un châssis roulant de Lotus Europa Twin-Cam, le designer se mettra au crayon et livrera en quelques mois un projet de berlinette sport GT dévoilé à Turin en 1972. Chapman, qui avait subito pigé que cette nouvelle Lotus pouvait venir se mesurer à la Ferrari 308 et à la Porsche 911, passera à la vitesse supérieure en décidant de produire le modèle en série et de la commercialiser. Trois ans plus tard, la Lotus Esprit paradait au Salon de Paris, augurant d’une carrière à la longévité remarquable : elle sera produite à 10675 exemplaires juqu’en 2004, toutes versions confondues, son moteur central arrière passant du 4 cyl. au V8. Carrosserie en fibre de verre et kevlar, montant à 246km/h, l’Esprit avait en effet de quoi donner du fil à retordre à ses rivales, d’autant que son image va se trouver propulsée au zénith des cult-cars du cinéma quand, en 1977 et en robe blanche, elle supplanta la sacro-sainte Aston-Martin de James Bond dans L’espion qui m’aimait (surnommé L’espion de mémé), avec Roger Moore, sous forme d’un sous-marin de poche. Surnom : Wet Nellie. Un engin fonctionnant, développé par la firme Perry Oceanographics pour les besoins du film. Rebelote pour Lotus en 1981 quand l’Esprit S3 Turbo traversa un autre 007 dans Rien que pour vos yeux, toujours avec Roger Moore et Carole Bouquet et sa fameuse 2CV jaune. La Wet Nellie sus-citée finira remisée dans un hangar du port de New-York en 1978. Comme la société de la société anglaise EON Productions n’en payait plus le loyer, le contenu du hangar fut mis aux enchères, et la Lotus emportée pour 100$ par un duo de brocanteurs au nez creux. Wet Nellie sera revendue à l’encan le 9 septembre 2013 par Sotheby’s de Londres, adjugée 616.000 £ (997.000 $) à…Elon Musk !  

Depuis 1965, Corgi Toys détient la licence de reproduction en miniature des voitures de James Bond. Produite à deux échelles et en deux coloris distincts, la fameuse DB5 007 sera un best-seller mondial des années durant, vendue à près de quatre millions d’exemplaires. Le score de la Lotus Esprit sera moindre : usinée à la nouvelle échelle 1/36, la version Wet Nellie, lancée en 1977 en même temps que sortait l’Espion de mémé, sera diffusée en boite-écrin à l’unité et aussi, deux ans plus tard, en gift-set réunissant et la Wet Nellie et la DB5 et une navette spatiale. Corgi fourbira ensuite la version Turbo de For Your Eyes Only, couleur cuivre métalavec skis sur le coffre-arrière. Sans oublier la réduction échelle Corgi Juniors. Ailleurs, l’Esprit fut excellemment reproduite au 1/43ème par le Japonais Eidai en version 007 blanche et en version « civile » jaune. On en verra aussi une, improbable, en plastique de bazar, chez Joustra, une en version circuit chez Scalextric et plus tard chez Norev, Maisto, Hot Wheels et même Lego ! Esprit es-tu là ????