La météo est au beau fixe. Le soleil brille. Il fait bon, il fait chaud. On annonce un été brûlant. À tous les points de vue. On déconfine les plages mais pas les parcs ni les jardins publics. Véto absolu du Ministre de la santé et au grand dam des élus et des Parisiens. Ailleurs, ceux qui ont pu rouvrir interdisent qu’on se pose sur un quelconque siège. Il faut rester dy-na-mi-que!. Courir, sauter, jouer à Zébulon mais surtout pas s’asseoir sur les bancs publics. Question de décence et baiser-bisou interdit. Bien avant la Covid-19, la maréchaussée veillait déjà à ce que les couples flirteurs ne s’épanchent pas au-delà des limites fixées par la décence. Autour de ces amoureux-qui-se-bécotent-sur-les-bancs-publics, la chanson, la photo, l’illustration, ont troussé refrains et images populaires signés Brassens, Doineau, Peynet avec ses Amoureux, ou encore Jean Bellus dans Jours de France. Et jusqu’au cliché. Un cliché utilisé par l’eau de Badoit pour l’une des ses réclames du début des années 1960.
Vendue en pharmacie jusqu’en 1954, la Badoit ou eau de Saint-Galmier fut la première eau gazeuse de table mise en bouteille en 1848. Sacralisée par l’Académie de Médecine qui, dès 1897, l’avait parée de toutes les vertus digestives et diurétiques, la Badoit se vendait par millions de bouteilles : très exactement 37 en 1958 !. C’est dire si les Français bullaient à table.En 1965, Badoit fusionnera avec Evian, puis ensemble, avec Danone. Devenue l’eau des digestions heureuses, la bubulle de Saint-Galmier a toujours fait ses gammes en réclame(s). Et badadi et badadoit. Repris en chœur par les Frères Jacques en queue de pie. Plus tard, en 1985, ce sera Charles Trénet avec Ya d’la joie dans Badoit. La pub de l’époque adore Trénet et aussi Maurice Chevalier. Prosper yop la boum, c’est le roi du pain d’épices ! (Vandamme). Puis Badoit passera au vert en 1989 avec le lancement de la bouteille en verre vert, réservée aux bars, cafés et restaurants. Cette joie de vivre digestive fut mise en images heureuses au début des années 1960 par Jean Feldman, illustrateur de talent -on lui doit aussi la p’tite fleur Yoplait-, doublé d’un redoutable publicitaire : il s’en ira fonder l’agence FCA en 1966. En 1961, Feldman bosse chez Publicis. Et signe les campagnes à la fois naïves, charmantes, optimistes de Badoit, gros client de l’agence. Saynètes de la vie quotidienne sur le mode « tous ensemble avec le sourire », Badoit donne du peps à une conférence, une chorale, une salle de classe… Sourire et jovialité, badadi badadoit. Embrasse-moi idiot…
De gauche à droite
RENAULT FRÉGATE AMIRAL. Norev-1958. No. 11bis.
Paris, 1951. La production automobile a repris cahin-caha, pilotée par le plan quinquennal, dit plan Pons, chargé de redistribuer les cartes, imposant des associations baroques entre constructeurs ou excluant certains de toute aide possible. Nationalisé, Renault sort enfin sa 4CV. Pour Panhard, se sera la Dyna 49 toute alu. En 1951, la presse auto nationale parle de la sortie de la Ford Comète, coupé carrossé par Facel, de la Hotchkiss-Grégoire 2,2l., de la Simca Aronde et de la Simca 9 coupé dessinée par Pininfarina. La nouvelle Panhard Dyna, la Peugeot 203, la nouvelle Ford Vedette sont elles, annoncées à l’horizon ‘53/54. Aussi, quand la Régie Renault lance en 1951 sa première grosse berline d’après-guerre, la nation est en émoi. Toute en rondeurs, la « R 1100 Frégate » devait signer le retour de Billancourt sur un créneau négligé à dessein depuis 1945 : le haut-de-gamme. Élégante, bien proportionnée, bien dessinée, la Frégate est hélas sous-motorisée. Poussive, même, bien que sûre et sécure, la voiture ne dépasse pas les 135km/h. Présentée avec une calandre à trois barres horizontales, la première série sera vite restylée avec une nouvelle calandre ovale et un nouveau second nom, Amiral, tandis que le bureau technique s’ingénie à coller dans le moteur tout ce qui manquait au début. Un brin austère dans son choix de couleurs, la Frégate qui cingle benoîtement dans le sillage des Simca Vedette Versailles aux voiles plus chatoyantes, enfilera une tenue bicolore plus seyante en devenant Frégate Grand Pavois, haut-de-gamme du haut-de-gamme battant pavillon national. Trop tard, madame Placard : la Régie mettra un point final en 1960 à la production de son vaisseau amiral jamais vraiment à flots et totalement oblitéré par la Citroën DS 19, et attendra quinze ans avant de revenir taquiner ce haut-de-gamme tant convoité avec la R30. Rayon dérivés, la Frégate voguera sous forme d’un beau cabriolet, se chargera du frêt avec un break commercial Domaine venu supplanter l’armada coloniale des grosses Prairie, Savane et Colorale, et servira de base à plusieurs coupés et découvrables carrossés glamour en quelques exemplaires. En 1958, ultime éclat officiel, une stretch limousine vampée par Ghia servira de véhicule présidentiel au Général de Gaulle lors de son retour au pouvoir en 1958…
De par ses rapports commerciaux exclusifs avec Renault, la firme de jouets CIJ reproduira la Frégate dès 1953 mais à l’échelle 1/48è. Première calandre à 3 barres puis seconde calandre ovale : les deux versions cohabiteront au catalogue jusqu’à ce que CIJ casse le moule pour usiner en 1958 au 1/43è la nouvelle Frégate Grand Pavois bicolore. Dinky Toys n’ayant pas moufté, la concurrence viendra du plastique avec la Frégate Grand Pavois de 1956, roues rouges à pneus blancs, signée Norev (no.11). Proposée dans une vaste combinaison de couleurs pleines de gaité, avec ou sans antenne, avec ou sans moteur à friction, la belle Frégate lyonnaise pavoise en beauté, bientôt rejointe en 1958 par un « vaisseau » jumeau, l’Amiral, reconnaissable à son traitement monocolore. Modèle-phare de la première série des Norev à socle métal, la Frégate ne sortira jamais de sa boite carton faux bois et, à l’instar de la vraie Frégate, finira sa course en 1960. Autrement, d’autres Frégate rouleront sur le marché de la miniature, telles celle de Solido dans la série Mosquito, celle de Clé au 1/32è en plastique avec calandre ovale, ou celle de Minialuxe, plus qu’approximative et rudimentaire. Quant au break Domaine, seul CIJ-Europarc s’y risquera avec le splendide break de chasse à montants (faux) bois…
CHEVROLET CORVAIR MONZA. Norev-1963. No. 69
Dévoilée en 1960, périmant d’un coup d’un seul, les hystéries supra-chromées, les envolées futuristes et les ailerons démesurés des fifties, la Chevrolet Corvair inaugurait l’ère des américaines compactes. Qui plus est, avec moteur arrière, mode venue d’Europe (Fiat, Renault, NSU, Tatra…) et ici pensée par la GM avec un 6cyl. à plat installé pour tailler des croupières à la VW qui commençait à agacer sérieusement Detroit. Design épuré griffé Ed Cole, silhouette surbaissée, ligne de lumière tracée net et face avant « souriante », la Corvair démode subito la concurrence de l’année -Chrysler Valiant, Stubebaker Lark- et prend de front la « petite » Ford Falcon. Élue voiture de l’année 1960, innovante et économique, la Corvair cueille son monde et se vendra à 1,8 million d’exemplaires déclinés en plusieurs typologies : coupé, cabriolet, break Lakewood, fourgon Corvan… Voiture populaire en Amérique du Nord, chantée en 1973 par la Québécoise Diane Dufresne dans « L’homme de ma vie », vue et revue au cinéma, restylée en 1965, la Corvair finira sur le bûcher des voitures tueuses dressé par l’avocat Ralph Nader. Sortie de route industrielle : 1969. Sur le champ du sport ou assimilé, le coupé Corvair Monza fut le plus connu et vendu des modèles de la gamme. Référée au fameux circuit lombard, motorisée en rapport bien que surnommée « Porsche du Pauvre », la Corvair Monza fera le bonheur des petits garçons grâce à Norev. À l’inverse de la berline Corvair qui fit l’affaire de Dinky Toys France, de Corgi Toys, de Lone Star ou du Japonais Bandai, le coupé Corvair Monza, n’aura intéressé que deux reproducteurs : Dinky Toys GB en 1967 dans sa série des Américaines made-in-Hong-Kong au 1/42è et, avant cela, en 1963, Norev, pour qui la Chevrolet Corvair Monza représentera la seconde américaine, après la Chrysler New Yorker, à intégrer son catalogue, alors très international. Produite selon un large spectre de coloris, la miniature sera l’un des gros succès de la firme, vendue pendant plus de dix ans, jouant les prolongations dans les coffrets « Caravane Digue » et « 1000km de Spa », tractant là une remorque chargée d’une CD Le Mans. En revanche, contrairement aux coupés Volvo P1800 et Peugeot 404, apparus chez Norev cette même année 1963, la Corvair Monza ne fut jamais proposée en version Baby, peinte métal ou en Jet-Car.
SIMCA 1000 POLICE. CIJ-Europarc 1962. No. 3.8
Dévoilée en 1962, en même temps que la Citroën Ami 6 dessinée par Flaminio Bertoni, la boîte-à-savon de Poissy devançait de quelques mois sa rivale de Billancourt, la R8, dessinée par Philippe Charbonneaux. C’est également un fameux designer, Mario Revelli de Beaumont, qui s’est penché sur son berceau. Mignonne et carrée, moderne, reliée par son moteur 4cyl. tout-arrière, à l’ADN Fiat, la berline 1000 est effectivement la première Simca à moteur placé à l’arrière. Démarrage fulgurant, grosse faveur auprès du public féminin et enrôlée par flottes entières par les auto-écoles : toute une génération passera son permis au volant d’une Simca 1000. Populaire et maniable, la petite Simca a démodé la vieille Dauphine, jusqu’à la chasser dès ses débuts du parc automobile de la Police Parisienne où depuis l’arrivée de la 4CV, Renault avait ses entrées. Apparues sur le pavé parisien en 1955, les premières voitures pie (noir+blanc) furent aussi les premiers véhicules individuels d’intervention de la Police, jusque-là procédant soit par fourgon, soit à vélo. Aux couleurs de la pie voleuse, les 4CV pie se différenciaient des Traction noires de la PJ. Remplacées par les Dauphine du même acabit, les deux Renault finiront au musée. Quant à la Simca 1000 Police pie, elle sera remplacée par la Simca 1100. Sur le tapis du salon, les pimpons pie du 1/43ème étaient l’apanage de CIJ avec les versions Pie Police des Renault 4CV, Renault Dauphine et Simca 1000. Mise au catalogue en 1962, la Simca 1000 Police ne connaîtra qu’une seule concurrente : celle de Minialuxe. Robe pie, décalq Police appliqué de façon aléatoire sur les portes arrière, gyrophare en alu peint rouge fiché sur le toit, la miniature achèvera sa carrière en même temps qu’ Europarc fermait ses portes après 1967. Quelques années plus tard, délocalisé en Espagne, Dinky Toys/Pilen sortira sa remplaçante : la Simca 1100 Police pie.