La CX fête en cette rentrée 2024 ses cinquante ans. Lancée début septembre 1974, élue « Voiture de l’année » 1975 -quatre ans après la GS-, roulant dans la catégorie des grandes routières, la CX embarquait toutes les techniques de la DS. En tête : la suspension hydropneumatique. Censée remplacer la sus-dite DS, sa mission fut accomplie. Ou presque.
Car en matière d’image, la CX patinera loin derrière celle de sa prestigieuse aînée et ne passera jamais au stade d’icône du XXème siècle. Sa ligne, profilée, galbée et lisse, était l’œuvre de Robert Opron ; son intérieur, plus spacieux que celui de la DS, fut dessiné par Michel Hermand. L’ensemble remportera le Prix du Style. Certes, on y décèlera un bel air de famille avec la GS et surtout l’influence du fameux prototype BMC designé par Pininfarina en 1968. Comme la GS, la CX possédait un coffre à l’accès limité par l’absence de hayon en dépit de son concept bicorps. Ce sera là son seul défaut, jamais corrigé. Les mécontents se consoleront avec l’immense break, lancé en 1976. Lors de sa conception, la CX était prévue pour abriter sous son vaste capot le moteur rotatif Wankel qui équipait la NSU Ro80. Le flop intégral de la GS Birotor, en 1973, fera réviser la copie. Le projet du moteur V6 de la SM, oblitéré par la crise du pétrole, finira aussi à la poubelle. D’autant que Citroën, en faillite, venait d’être racheté par Peugeot, et qu’à Sochaux, on ne goûtait guère ces fantaisies. La CX recevra donc les vieux moteurs de la DS 20 (11CV) et de la DSuper 5 (12CV). Soit sur catalogue et sur route, une CX 2000 et une CX 2200. Quant au fameux CX, -0, 37, s’il est exceptionnel, il s’avèrera inférieur à celui de la GS ! Ça ne refroidira pas les clients : en un an, la CX se vendra à 100.000 exemplaires. Et rattrapera sa motorisation archaïque en passant au diesel, puis avec un moteur à injection 2,4 l. qui passera à 2,5 l. Puis au Turbo. Il y aura même une GTI. Et encore la version Prestige, rallongée de 25cm, qui se pavanera dans la cour de l’Élysée. De fait, CX disputait le pavé ministériel et présidentiel à la Peugeot 604. Produite jusqu’en 1991, Citroën en vendra plus d’1,2 millions d’exemplaires.
À l’inverse de la DS, Citroën ne déclinera pas la CX en coupés ou cabriolets. Les rares essais et propositions carrossées par Heuliez avec le break Evasion ou par Deslandes avec le cabriolet Orphée,
seront dûment présentées dans les salons, mais ne connaîtront aucun développement en série. Seul le break qui dame le pion à celui de la Peugeot 504, se démarquera dans la gamme. Immense, doté évidemment d’un hayon, il servira d’ambulance et même de corbillard. Encombrée d’une image pépère, la CX, voiture préférée de Jacques Chirac, ruera dans les brancards. Pas la peine de mettre le turbo si c’est pour être conduite en charentaises. Si les DS ont fait les beaux jours du Rallye de Monte-Carlo, confiées aux meilleurs pilotes, les CX qui sont comparées à des avions sans ailes, participeront à une flopée de rallyes et raids : Coupe de France des rallyes sur terre, Rallye de Côte d’Ivoire – Côte d’Azur, Rallye international des 1.000 Pistes, Rallye du Maroc “Al Massira”…Citroën qui n’a pas oublié la Croisière Noire, engagera aussi dès 1979 ses CX dans le Paris-Dakar. En 1980, André Costa, essayeur à l’Auto-Journal, occupera les premiers rangs durant les premières étapes. L’année suivante, le constructeur alignera quatre équipages au départ de la 3ème édition du plus médiatisé des rallyes de l’époque. Celui formé par le pilote de F1 belge Jacky Ickx, recordman des victoires au Mans, et par l’acteur Claude Brasseur, ici navigateur, fait le buzz aux commandes d’une CX 2400 GTI sponsorisée par Texaco Belgique. Du Trocadéro au lac Rose au Sénégal, pas moins de 291 concurrents -autos/motos/camions- doivent couvrir 6. 268 km. Seulement 91 passeront la ligne d’arrivée, dont une seule CX, pilotée par Luc/Alessandrini, classée 16ème. Les trois autres ont abandonné. L’essentiel, c’est de participer comme disait l’autre. D’autant que le barnum déclenché par la course ressemblait furieusement aux Fous du Volant. Il y avait même une Rolls-Royce Silver Shadow engagée par Thierry de Moncorgé, le fils de Jean Gabin !
Rallye ou pas, au mitan des années 1980, un restylage de la CX s’impose. Léger, subtil. Et accompagné d’une motorisation décoiffante : avec la GTI Turbo, la CX fonce à 220 km/h. Ça méritait bien une pub. Chose faite en 1986. Jean-Paul Goude imaginera un film+image affiche qui arrache. Sa muse, la chanteuse Grace Jones y crache une CX démoniaque sous le signe des chevrons sauvages. Un tabac, même si la pub sera interdite dans plusieurs pays. La CX tirera sa révérence en 1991 après 1.169.000 millions d’exemplaires vendus. Elle sera remplacée par la XM ou un truc dans le genre. Rien de palpitant. Quant au break, digne successeur des breaks ID 19 et 20, il connaîtra une belle carrière, commandée entre 1981 et 2002 par le GIGN au titre de véhicule d’intervention. Rien de tel avec le break suivant, extrapolé de la XM : ce fut un flop.
De gauche à droite
Citroen CX 2200. Solido. 1975 . No. 29
Réduite au 1/43è, la CX ne connaîtra pas la frénésie mondiale provoquée par la DS notamment reproduite
par les Anglais Corgi Toys et Lone Star (Roadmasters ), l’Italien Politoys ou le Japonais Cherryca Phenix (cabriolet). Son palmarès restera circonscrit à la France avec Solido, Norev, Minialuxe et à l’Espagne avec Dinky Spain dont le moule provenait de chez Auto-Pilen, avant que Joal et Mira en récupèrent les miettes.
Mise au catalogue par Solido en juin 1975, la CX voisine, rayon grandes routières françaises, avec la Peugeot 604, la Simca Chrysler 1308 GT et une Renault R16 TX restée dans les limbes (en attendant la R30) Cette année-là, entre autres nouveautés -Fiat X 1/9, Simca 1100 Ti, Renault R12 break, Solido annonce la sortie d’une CX 2000. Changement de cylindrée l’année suivante, avec une montée gamme : la CX 2200 sera un best-seller pour Solido. Nantie de portes avant ouvrantes avec fins montants, cette miniature fort réussie s’habille de couleurs métallisées -rubis, cuivre, bleu foncé, bleu clair, gris argent. Quelques variantes suivront, avec le coffret Touring contenant une CX remorquant une caravane Sterckeman. Il y aura aussi des versions pompiers, gendarmerie et ambulance (pas vraiment crédibles en berline) badgées Cofradis. Enfin, exception faite de la Pallas de Dinky Spain et celle de Joustra, aucune CX Prestige, GTI ou Turbo ne sera réduite en miniature à l’époque.
Citroen CX 2200. Norev Jet-Car. 1975 . No. 845
Reproduite par Norev dès 1975, la CX 2200 fut moulée plastique Plastigam (no. 207) et déclinée en radio-taxi. La version zamac Jet-Car, sortie simultanément, connaîtra aussi les variantes Radio Taxi et Allo Taxi (no. 800). À l’inverse de sa DS 21 et de sa GS dotées chacune de nombreux ouvrants, Norev a réduit sa CX aux deux seules portes avant ouvrantes dont le défaut était de bailler en position fermée. Si la miniature est fidèle et juste en proportions, ses roues rapides l’enlaidissent, d’autant que, un comble, elle privée de suspensions. Ceci dit, elle reste alors en position haute ! Au fil des ans, par pingrerie, Norev ne peindra plus les feux arrière moulés en rouge et supprimera le chromage des phares et des pare-chocs, laissés en noir mat. Du GTI par défaut ?. En revanche, plastique ou métal, la palette des couleurs est ample. Y seront collés aussi des stickers pub Orangina, gadgétisant le modèle. Ne pas oublier que jusqu’au début des années 1980, les petites zautos Norev étaient encore des jouets vendus chez Uniprix ou au Soldat Laboureur. Outre les taxis, la CX sera proposée en 1983 tractant un hors-bord Cruiser fixé sur remorque Portaflot. Il y aura aussi une CX Mini-Jet au 1/60, histoire de damer le pion à Majorette.
En 1998, Norev en proposera une nouvelle version mieux finie, plus conforme aux néo-standards du fabricant. Toujours en plastique, rival de Norev, Minialuxe livra aussi une CX 2200 en tous points réussie et mieux finie, dotée d’un capot ouvrant et de suspensions. Une rareté aujourd’hui.
Citroen CX 2200 Break. Solido. 1979. No. 63
Si l’on excepte celui de la Citroën Ami 6 fabriqué dans les années 1960, la typologie du break fut longtemps snobée par Solido. À la fin des années 1970, quand Dinky-Toys Meccano sombra corps et bien après un ultime baroud espagnol, Solido se retrouva en première ligne du 1/43ème français. Boudées, les populaires firent leur apparition, seulement concurrencées par Norev Jet-Car qui n’arrivait pas à la cheville des Solido en matière de finitions. C’est ainsi que Solido mit à son catalogue, une R5, des R4 fourgonnettes, un break R12, les Peugeot 104 (berline et coupé) et 305, la Simca Horizon et le break Peugeot 504, rival du break CX sur le marché. Annoncé au titre de nouveauté 1978-79 en même temps que les Citroën 2CV6 et LN (moule coupé 104 rentabilisé), le break CX sera l’unique reproduction au 1/43ème d’un modèle aux dimensions généreuses : longueur de presque 5m, coffre d’une capacité de 720l., toit arrière rehaussé…
Contrairement à la berline avec ses couleurs rutilantes, le break sera traité plus sobrement à base de beiges mastic et de gris. Rebaptisé Evasion en fin de carrière, le break CX sera réduit au 1/36ème et vendu sous blister popu par la firme française Injectaplastic (versions police, PTT…) et par l’Anglais Matchbox au 1/77. À l’instar du break 504, profitant de la présence d’un hayon ouvrant, unique pièce mobile de la miniature, Solido fourbira une version Ambulance placée dans le coffret Intervention. Récupéré par Verem, le break sera alors décliné en versions Police, etc…