JAGUAR PERD SES GRIFFES

Blackpool, Lancashire. 1920. William Lyons et William Walmsley, l’un fils de marchand de pianos, l’autre fils d’un marchand de charbon, s’associent pour produire des side-cars en aluminium, vendus sous le nom de Swallow.

Six ans plus tard, fort de son succès, le duo agrandit l’usine et passe à la vitesse supérieure en créant des carrosseries adaptées à des châssis économiques comme ceux de l’Austin Seven, de la Wolseley Hornet, de la Standard Big Nine et même de la Fiat 509A. 1927, changement de nom : la firme devient Swallow Sidecar and Coachbuilding Company. L’année suivante, le déménagement de l’usine pour Coventry ouvre un nouveau chapitre, d’autant que très vite, le mot Sidecar disparaît, bien que la production se poursuive -elle sera cédée en 1945 à Helliwell. Entre temps, les deux William ont créé la SS1 coupé -SS pour Swallow Sport. L’auto sera présentée en 1931 au Salon de Londres, section Carrossiers, ce qui contrarie fort Lyons. Chagriné de ce sectarisme, l’homme n’aura de cesse que de gagner la cour des constructeurs, d’autant que la SS1 cartonne : 776 exemplaires produits et vendus en 1932 ; 1500 en 1933. L’année suivante, alors que William Walmsley quitte la Swallow, celle-ci change encore de nom pour devenir SS Cars, laquelle, entre 1935 et 1937, alignera les succès : conçu par l’ingénieur William Heynes, venu de chez Humber, le roadster SS 90 sera talonné par la SS 100. Peu propice à couver une marque portant un tel nom, l’époque obligera Lyons à, une fois encore, changer de nom. Place à Jaguar, autrement plus symbolique et synonyme d’une puissance que Coventry s’ingéniera à développer. Nouveau nom, nouvel emblème, nouvelle mascotte : Jaguar sortira ses nouvelles griffes en 1948 lors du salon de Earl’s Court à Londres avec le coupé/roadster XK 120. Vendue 1265£, la bestiole qui coûte deux fois moins cher qu’une Alfa Romeo 3l., laisse profiler un avenir radieux pour Lyons qui exporte son félin aux USA, ouvrant la voie aux roadsters anglais de tout acabit -MG, Austin-Healey, Triumph, Sunbeam…Alors que la XK 120 passe à 140, puis à 150, occupant le terrain d’une pleine décennie, Jaguar peaufine des berlines puissantes et luxueuses aux lignes majestueuses, plus accessibles que les Bentley mais fortement statutaires, notamment aux USA où les grosses Mark VII et VIII seront des best-sellers (30.000 exemplaires vendus !). L’une d’entre elles, d’un beau et rare vert, sera la protagoniste du film Vertigo (Sueurs froides) tourné par Alfred Hitchcock à San Francisco. Avec l’impavide Kim Novak au volant, cette JaguarMark VIII verte que James Stewart suivait tout au long du film au volant de sa De Soto Fireflite, logeait au pied d’un fameux immeuble résidentiel du 1000, Mason Street, angle Sacramento. Landmark architectural de la ville, le bâtiment de style gothico-Chenonceaux, le Brocklebank Building, millésimé 1924, abritait dix étages perchés au sommet de Nob Hill. Habité alors par des occupants bambocheurs et mondains, le Brocklebank avait pour voisin l’hôtel Fairmont, palace historique où Hitchcock et toute l’équipe du film vécurent pendant le tournage de Vertigo (et aussi celui des Oiseaux).

À Coventry, Jaguar carbure aussi aux victoires sportives, alignant ses bolides de course au Mans et ailleurs. L’entrée dans les années 1960 se fera en fanfare avec deux nouveaux modèles fabuleux : la Type E et l’immense Mark 10, suivie derechef par les berlines 420G et S-Type. Quant à la « petite » Mark 2 lancée en 1959, elle arrachera le titre de « la berline de série la plus rapide du monde ». Jaguar fera alors aussi quelques emplettes en achetant Daimler, les cars Guy et la petite firme Meadows connue pour ses micro-cars dessinés notamment par l’Italien Giovanni Michelotti. En 1966, la fusion de Jaguar avec BMC aboutira à la formation nationalisée en zig-zag et usine à gaz de la British Leyland. William Lyons quittera la cage au fauve en 1973 tandis que l’intégralité de l’industrie automobile britannique mordait la sciure. Le coup de fouet sera pour 1984, quand, re-privatisé, Jaguar reprendra sa liberté. Las, la cosmétisation de la XJ jusqu’à plus soif (1968-2019) avec spin-off siglés Daimler et Vanden Plas, lassera les plus jaguistes des jaguistes. Le rachat par Ford en 1989 sera ensuite vécu comme un trauma. Avec Volvo, Aston-Martin mais aussi Lincoln et Mercury, Jaguar est alors versé dans le portefeuille du groupe Premier Automotive. Tous les nouveaux modèles ensuite lancés dans les années 1990 et 2000 seront considérés comme des Ford Mondeo déguisées. Pire : il y aura même un break Estate impie dérivé de la X-Type (la Jaguar du pauvre), et aussi, en 2001, toujours sur la même jaguarette, un turbo-diesel !

Ford vendra Jaguar au groupe indien Tata Motors en 2008, qui réunira la marque à Land Rover en 2013 pour former une entité (quasi) indépendante et cohérente, toujours basée à Coventry. Valse des patrons à bord nonobstant, déclaré en 2021, l’arrêt officiel de la production thermique jusqu’en 2025, date à laquelle Jaguar sera 500% électrique. On l’a vu et lu : depuis ses débuts, Jaguar n’a jamais cessé de réinventer son nom. Sans doute inspiré par ce parcours, les têtes d’œuf du marketing et pubards en folie ont récemment dévoilé la nouvelle stratégie de la marque. Nouveau logo dont la typo dessinée par Herbert Bayer en 1925 a été empruntée au patrimoine graphique du Bauhaus, l’école-mouvement allemande dissoute en 1933 par les SS… Au menu : disparition de la tête de jaguar en emblème. Plus aucune auto produite en attendant l’étincelle bleue. Et un clip inclusif et pagailleux digne de la parade queer des JO de Paris. Tollé mondial sur les réseaux sociaux et dans la presse. Les uns crient au génocide, les autres brandissent le fantasme du grand effacement. Plongé dans la cancel-culture, le message est très mal perçu. Sur Instagram, les huiles de chez Jaguar sont moquées comme rarement. Huées digitales, goudron et plumes à la clé. Même Elon Musk y est allé de son sarcasme : « Sinon, vous faites encore des voitures ? » Des petits malins qui ont de la mémoire ont exhumé des extraits du film Crazy People (Les fous de la pub), comédie grinçante de 1990 où Dudley Moore incarnait un cadre de la pub surmené qui finira en psy-thérapie intensive. Juste avant la camisole, il avait imaginé une série de campagnes bardées de slogans-vérité pas sortables. Par erreur et mélange des dossiers, ce seront ces slogans qui seront imprimés et affichés dans tout le pays. Marques visées : Volvo et Jaguar, alors sous pavillon Ford. Si « they’re boxy but they’re good. » pour Volvo passait encore, celui collé à Jaguar fera rugir de rire le public.  « For men who’d like hand jobs from beautiful women they hardly know. » (traduction libre et grivoise) avec pour visuel un cabriolet XJS blanc. Inutile de dire qu’en pleine ère #MeToo, ce type d’accroche pub mènerait tout le monde en prison sans passer par la case parking. Évoquer ici une auto-citation par Jaguar serait présomptueux, d’autant que nobody chez Jaguar a dû voir ce film ni savoir qu’il existait. Conclusion : no more new Jaguar cars jusqu’à 2026, un logo raboté, un habillage woke et des cris d’orfraie poussés par les grossiums de la marque contre tous ceux qui ont osé critiquer leur merveilleuse new identité visuelle. We are genious, coco. En revanche, ces mêmes cerveaux nourris à la graine de chia et au cheese-cake crudiste ne se gênent pas pour vilipender tous ces abominables croûtons rassis arrimés à leur tableau de bord en ronce de noyer comme des arapèdes au rocher de L’Estaque. Raus ! les vioques, du balai les séniors. Moquer, piétiner et balayer ainsi son cœur de clientèle risque de coûter très cher à Jaguar, même s’il y a beau jeu que les Jaguar n’intéressent plus grand monde et que la future new clientèle visée et envisagée se fiche totalement de ce qui en sortira. Plus chères et plus luxueuses encore brame-t ’on à Coventry. Wait and see, dear William, mais on ne sera pas des poires…

Un mot toutefois sur cette pochette de 33t. déniché par accident dans une brocante. The End of Jaguar ? Tombé à pic, non ? Méthode de guitare folk copiant vaguement celles de Marcel Dadi, illustrée par un guitar-heroe bigleux ravi de chevaucher une aile de Jaguar bien amochée rouillant paisiblement dans une cambrousse anonyme. Une Mk II pour sûr, mais pour le reste, la seule corde sensible était sur la gratte du folkeux ravi de la crèche. Ceux qui auront eut le bonheur d’écouter ce vinyle sont priés de contacter la rédaction qui fera suivre…

De gauche à droite

JAGUAR XJ 12. 1980. SOLIDO. No.96

Lancée en 1970 pour succéder à la fois à la Mk 10, à la 420S et à la S-Type, la berline XJ6 arborait une silhouette musclée et racée, en ligne directe esthétique avec ses aînées et rapidement jumelée avec une Daimler Double Six. Maintes fois cosmétisée et modernisée sans perdre une once de son pedigree, montée en puissance, la première XJ6 fut étonnamment boudée par les fabricants de miniatures. Seul Husky, futur Corgi Juniors, la réduira au 1/77. Il faudra attendre la version XJ12, avec calandre rétrécie et pare-chocs avant rehaussé pour que Solido s’y colle avec brio. Réduite au 1/43è, traitée dans des coloris sobres, dotée de portières avant ouvrantes, elle sera rejointe par deux japonaises notables proposées par KK Sakura au 1/43è et par Tomica Dandy au 1/48è. Considérer ici la XJ 12 au 1/43è reproduite en kit déjà monté par AMR (André-Marie Ruf) et produite en 1976 à 1200 exemplaires, ce qui en fait un collector absolu.

Dérive de la berline, il y eut aussi un coupé XJ qui fera les affaires de Corgi Toys au 1/36è, en élégante livrée bicolore. Ce même coupé, gonflé à bloc en 1976 par un V12 glougloutant 5,3l.et surnommé Big Cat, sera reproduit par Dinky GB au 1/35è,  robe blanche, stickers rouges. Dinky utilisera ce même modèle peint en bleu métal pour le coffret Steed’s Jag Coupé, référé à la nouvelle série TV The New Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir), avec Patrick Mc Nee, délaissant sa fameuse Bentley vintage pour cette Jag tonitruante, couplée dans un coffret dédié, à la Triumph TR7 jaune de Purdey (Joanna Lumley).  Plus exotique mais à échelle identique ; le coupé XJ de Lucky Toys made-in-Hong Kong pour une version Police en plastique avec moteur à friction.

Quant au coupé XJ/S, dévoilé en 1973 sous label British Leyland, il fut vanté comme « Possiblement, la Jaguar la plus extravagante jamais construite » -l’étape suivante serait selon l’image traitée, le jet privé !. Beau et moche à la fois, si le coupé XJS remplaçait sur papier glacé la mythique Type E, jamais il n’atteindra son statut cultissime. Même écho en miniature avec une maquette Heller au 1/43, un coupé au 1/30è chez Anker, en direkt de la RDA (!), et une doublette chez Corgi avec une version au 1/36 et Corgi Juniors au 1/77, parfois vendus ensemble dans le même coffret. Maigre bilan. On se souvient que fut refusé à Roger Moore l’usage d’une Type E pour la série TV The Saint -il y conduira une Volvo P1800. Revenu à de meilleurs sentiments, Jaguar consentira à ce que son nouveau coupé XJS soit sanctifié dans la nouvelle série du Saint, diffusée en 1978/79 et 24 épisodes avec Ian Ogilvy dans le rôle de Simon Templar. Fidèle à sa propre tradition, Corgi fourbira une XJS aux couleur et effigie du Saint. Et aussi une XJS rouge consacrée à la série The New Avengers (Chapeau Melon et Bottes de Cuir), avec Patrick Mc Nee, Joanna Lumley et Gareth Hunt. Il y aura aussi un cabriolet au 1/24è chez Polistil, plutôt réussi, et un confié par Mattel à Barbie, qui collera la honte.

JAGUAR MK 10. 1962. DINKY-TOYS GB. No.142

Ce fut la plus grande des Jaguar. Une berline palatiale que Coventry destinait au marché US. Lancée en 1961, en même temps que la Type E, embarquant un maximum d’innovations techniques, longue de 5,14m, large d’1,93m, opulente jusque dans les moindres détails, la Mark X, sera jumelée à la Daimler DS 420. Produite à moins de 25.000 exemplaires jusqu’en 1970, réputée fragile, la Mark X ne rencontra pas le succès escompté, sans doute fortement concurrencée aux USA par les Mercedes-Benz 220, 250 et 280. En revanche, elle fut un best-seller sur le marché de la tuture miniature anglais. En tête, Spot-On avec une Mark X au 1/42, ce qui ajoutait à ses dimensions hors-normes, avec train avant directionnel, talonnée par une S Type de belle facture. Spot-On mettra ensuite sa Mark X à la sauce Magicar avec une version électrique en plastique, affligée d’un énorme coffre sous lequel était placé le moteur. Chez Dinky GB et Corgi, pour des raisons d’économies de moule et de boites, l’échelle élue fut le 1/47, ce qui réduisit fortement l’impact volumétrique de la miniature. Peintures métallisées, phares diamantés, capot et coffre ouvrants contenant une valise -3 chez Spot-On !, histoire de démontrer le rôle de grande routière voyageuse de cette Jag amirale. Par jeux des moules, le fabricant indien Nicky Toys héritera de celui de Dinky GB, tandis qu’une flopée de fabricants de Hong-Kong reproduira celui de Corgi en plastique ou à des échelles supérieures (Lucky Toys, OK, Telsada) tractant caravanes, bateaux ou bagages sur le toit. À l’autre bout du curseur, Matchbox (avec ou sans caravane), et Lone Star. De fait, l’unique Mark 10 au 1/43è fut celle de Norev, apparue en 1965 : aucun ouvrant mais des vitres descendantes comme sur la triplette MG-Morris-Austin 1100, et pour le fabricant, la seconde Jaguar à son catalogue, après la grosse Mk VI 2,4l. de 1957, et juste avant le coupé Type E en 1968. Fatigue du plastique oblige, la proue de la Mark 10 a une légère tendance à rebiquer, genre nez retroussé, ce qui n’est pas très Jaguar isnt it ?

JAGUAR TYPE E COUPÉ. 1961. SPOT-ON. No. 217

Ce fut la plus belle voiture du monde. La plus spectaculaire. La plus sexy, aussi. Dessinée par Malcolm Sayer, admirée par Enzo Ferrari, présentée en 1961, héritière de la XK SS, la Type E rompait avec insolence le style des XK-120, 140 et 150 de la décennie précédente. Coupé ou cabriolet avec hardtop, son profil de fusée la rocketta à 240km/h dans la légende du siècle avec ses 4.45m de long, son immense capot-suppositoire basculant couvrant un moteur 3800/265cv et son habitacle en cockpit. La Type E était alors vendue 2100£, moins chère qu’une italienne rugissante et cabrée. Happée par la jet-set triomphante, pilotée par des créatures effrontées et des playboys survoltés, la Type E crèvera l’écran dans une flopée de films dont Casino Royale avec David Niven, Viva Las Vegas avec Elvis Presley, Love Story, conduite par Ryan O’Neal, ou transformée en landau-corbillard dans le mythique Harold & Maude. En France, c’est dans Le petit baigneur avec Louis de Funès que la Type E tiendra son meilleur rôle en jouant les extensions de capot lors d’un dépannage intempestif. La Type E sera aussi le véhicule préféré de Diabolik, personnage de fumetti italiens publiés dès 1962 et porté au cinéma par Mario Bava avec l’acteur américain John-Philip Law, vu également dans Barbarella, aux côtés de Jane Fonda. Dans le film, Diabolik possédait un plein parc de Type E : les noires pour le mal, les blanches pour Eva Kant, sa partner-in-crime, campée par Marisa Mell, actrice autrichienne peu avare de ses charmes.

Rayon petites voitures, après une Type D réduite au 1/43 par Solido, Politoys, Minialuxe, Samtoys et même Crio en plastique soufflé, et une SSK mise au catalogue de Spot-On, la Type-E sera mondialement réduite à toutes les échelles possibles. Coupé ou cabriolet décapoté/hardtop, 2+2 rallongée : chacun choisira sa version. Une exception toutefois avec Minialuxe qui roulera coupé+cabriolet dans un même élan. Hors Angleterre, le cabriolet sera reproduit avec un luxe d’ouvrants et de détails inouïs par le Danois Tekno (moule repris par la suite par l’Espagnol Joal) tandis que le coupé occupera les catalogues du Japonais KK Sakura, de l’Allemand Schuco (série Micro Racers) et du Français Norev avec un modèle d’une grande finesse, capot basculant et roues à rayons (moule fourgué ensuite au Tchèque KDN). Chez l’Italien Politoys, la Type E, initialement reproduite en plastique ou fibre de verre sous le nom de Spyder, fut l’objet d’une édition très spéciale, en robe rose et boîtage assorti dédiée à la chanteuse Rita Pavone. Surnommée La Zanzara (Moustique),  machine à tubes yéyés, la Pavone était un petit bout de bonne femme rousse et ultra-mode. Elle était alors mariée au crooner Teddy Reno qui lui offrira une Type E en cadeau. Hic : la Zanzara était petite et il faudra rallonger les tiges des pédales de frein, accélérateur et vitesses. La vitesse, justement : comme la chanteuse conduisait comme elle chantait, à cent à l’heure, Teddy Reno avait fait brider le moteur ! Reste cette TypeE rose, fragile, pur collector coté quelques 200 €. Rien à voir avec la piteuse et incongrue Type E de station-service que Polistil produira dans les années 1980….

En Angleterre, la Type E fera les délices de tous les fabricants. Dinky Toys et Corgi Toys en tête, avec des cabriolets/hardtop réduits à des échelles éloignées du 1/43. En effet plus proches du 1/45 et du 1/48èmes, les Type E des deux marques feront l’objet d’une remise à niveau au mitan des sixties avec un nouveau coupé 2+2 chez Dinky et le nouveau coupé 2+2 4,2l. de 1968 chez Corgi qui sortira aussi, à la faveur de son restylage, le coupé 2+2 V12 (1970-76). Chez Spot-On, l’écurie de Coventry était des plus chouchoutées : proposé en 1961 au 1/42è et trempé dans une palette de nombreux coloris, le coupé Type E, luxueusement réalisé avec son cabot basculant, roulait entre la XK-SS, la Mk1 en multi-versions, la MK 10 et même la S-Type, ici unique en son genre ! Autrement, Matchbox et Husky mettront le coupé Type E au menu de leur gamme.

Enfin, histoire de boucler la boucle, savoir que la Jaguar Pirana Bertone, dessinée en 1967 par Marcello Gandini, naquit d’un projet émis par le journal Daily Telegraph autour de la voiture de demain. Show-car unique élaboré sur la base de la Type E, la Pirana fut reproduite par Politoys-M.

JAGUAR Mk 2 / 3,4L. 1960. DINKY-TOYS GB. No.195

Tenue pour avoir été la “berline de série la plus rapide du monde », la Mk2 3,4l. fut en effet une bête de rallye tout en se la jouant bourgeoise en gants de pécari. Prolongeant le succès de la Mk1 2,4l. produite de 1957 à 1959, sa carrière fut plus longue -1959 à 1967/8. Et son image popularisée par maints films et séries TV. Ainsi d’Inspecteur Morse -une Mk 2 2,4l bordeaux à toit vinyl noir de 1960, achetée en 1987 par la maison de production Carlton TV pour les besoins de la dite série tirée des romans à succès de Colin Dexter. Incarné par John Thaw, Morse roulera jusqu’en 2000 au volant de cette Jag devenue iconique. Plus récemment, la série pre-quel Endeavour, narrait comment le jeune Morse, campé par Shaun Evans, débarqué de frais à la police de Oxford, achetait cette fameuse Jaguar, une 2,4l noire de 1959 à roues arrière carénées, quasi bonne pour la casse. Impossible de récupérer la « vraie » : elle avait été vendue 100.000£ aux enchères en 2005 ! Assurément la Jaguar la plus vendue dans le monde, toutes versions confondues, la Mk 2 qui fut évidemment, après le rachat de Daimler, jumelée avec la Daimler V8 2,5l, sera comme il se doit happée par les fabricants de miniatures en zamac : Corgi Toys (2,4l de 1957 et de 1960 + version pompiers), Spot-On (3,4l. avec ailes arrière dégagées de 1960) déclinée en versions Police noire ou blanche. Rayon plastique, il y aura Norev (2,4l de 1957 avec ailes arrière carénées + moule repris par Eligor), TaT à Hong-Kong ou encore Roco en Autriche. Chez Dinky GB, l’échelle retenue pour la 3,4l. fut le 1/47ème. Introduite au catalogue en 1960, elle sera vite rejointe par la Daimler V8 grâce à de légères modifications du moule. À l’instar de Spot-On, il y aura aussi deux ans plus tard une version Motorway Police (no.269). Sayons francs : il s’agit là d’une des Jaguar les moins excitantes du petit monde dinkyesque et assimilé…

JAGUAR XK 120.  1954. DINKY-TOYS GB. No. 157

Ce fut la Jaguar qui partira à la conquête des USA, celle conduite par les stars hollywoodiennes et dont la version cabriolet damera le pion à toute la concurrence européenne. Au début, en 1948, la XK 120 fut un roadster 2 places qui tapait les 200km/h et dont le rapport qualité/prix laissait loin derrière toutes ses perfides rivales made-in-Albion. Apparu en 1951, le coupé mettra un toit sur ces performances décoiffantes avant de revenir à une version cabriolet en 1954. Vendu à plus de 12.000 exemplaires entre 1948 et 1954, la XK 120 sera remplacée par la XK 140 puis, en 1957, par la XK 150, chacune produite à plus de 9000 unités. Terminus en 1961 : place à la Type E. La notoriété de Jaguar et de sa XK 120 fut telle dans les années 1950 que presque tous les fabricants de jouets l’épingleront à leur catalogue. Unie ou bicolore, c’est sans doute la Dinky qui fut la plus populaire, aussi vendue que la Studebaker Commander et la Citroen DS19. Juste que le coupé XK 120 fut une pure production Dinky Liverpool produite au long cours, histoire de coller à la carrière de la vraie, sans pour autant juger utile d’en modifier le moule. Les premiers roadsters furent reproduits en 1952 par Tekno au 1/50è, les premiers cabriolets capotés par Triang Minic dans la série Push & Go (plastique) et les premiers coupés par l’Allemand Prämeta, superbes. Ensuite, toutes échelles confondues, ce seront, ad-lib, les Japonais, les Américains et les Chinois de Hong-Kong.

La XK 140 sera moins favorisée. Outre Matchbox et Tootsie Toys, il n’y aura que le Française Quiralu pour reproduire le cabriolet, unique exercice de l’époque au 1/43, mais pénalisé par une sorte de mollesse baroque des lignes. Autrement, voir le splendide spécimen en tôle du Japonais Bandai pour compléter sa collection. Quant à la XK 150, avec ses ailes arrière bien dégagées derrière les oreilles, les choses se feront à posteriori, genre, ooops on a loupé un truc, chez Matchbox/Dinky au 1/43è et dans les années 90/2000. Si le coupé 150 du Club Dinky France n’était rien d’autre qu’une 120 maquillée, celle de Odgi Toys, label anglais spécialisé dans les autos british « oubliées » par Dinky, mérite qu’on lui décerne un prix de rattrapage et de bonne conduite.

Chapitre ciné-cuistre, la XK 120 crèvera l’écran dans The Fast and the Furious, filmé à tombeau ouvert et en noir & blanc en 1957 par le comédien John Ireland, second couteau chez John Sturges, Howard Hawks, Robert Rossen ou encore Samuel Fuller, et tête d’affiche d’une noria de séries B dont ce The Fast and the Furious écrit par Roger Corman et depuis viré au culte absolu. À ses côtés, la fantastique Dorothy Malone, tête brûlée et garce préférée des cinéphiles, au volant d’un roadster KX 120 blanc, embarquée dans une intrigue scélérate sur fond de course automobile. Future star du feuilleton Peyton Place qui lancera Ryan O’Neal et Mia Farrow, la Malone est souvent créditée, à tort, conductrice d’une XK 140 rouge dans le supra-mélo Écrit sur du vent (Written on the Wind) réalisé par Douglas Sirk en 1956. Co-star de Rock Hudson, Lauren Bacall et Robert Stack, Dorothy Malone raflera un Oscar pour sa composition d’héritière du pétrole, Marylee Hadley, chtarbée des neurones et du sexe -la scène finale où elle traverse en trombe un champ de pétrole hérissé de puits jaillissants reste un grand moment de ciné-kitscherie subliminale. Aucune Jaguar dans le paysage donc, mais deux bagnoles inouïes : l’Allard J2X jaune pilotée par Robert Stack et la Woodill Wildfire, custom car rouge vif assemblé à cent exemplaires entre 1952 et 1958, à bord de laquelle la Malone roule les cheveux dans le vent pour montrer combien elle est rebelle. Quant à la Woodill Wildfire, elle avait déjà fait du cinéma en 1954, conduite à train d’enfer par Tony Curtis dans Johnny Dark (Les bolides de l’enfer) filmé sur circuit par George Sherman…